Il est catholique, et malgré le regard de certains fidèles, sa foi ne l'a jamais quitté. Professeur de portugais et de français, il a organisé le premier congrès mondial des associations d'homosexuels catholiques qui s'est achevé mercredi dans sa ville de Portimao, en Algarve dans le sud du Portugal.

Lors de cette rencontre qui a eu lieu dans une auberge de jeunesse, une quinzaine de responsables d'associations du Portugal, d'Espagne et encore des Etats-Unis ont défini les grandes lignes d'une lettre qui doit être envoyée vendredi au pape François.

José Leote vit depuis huit ans sa deuxième vie avec Ricardo Filipe, un cuisinier de 25 ans son cadet. "Nous sommes un couple classique, banal", raconte-t-il. "Nous allons à la messe ensemble le dimanche". "Etre homosexuel et croyant ne m'a jamais posé de cas de conscience", affirme-t-il.

Il a pourtant dû souffrir du regard des autres. "J'étais lecteur à la messe et j'animais des groupes de jeunes. Quand j'ai dit que j'étais homosexuel, on m'a invité à me retirer".

Président de l'association portugaise Rumos Novos (Nouvelles voies), qui milite pour la place des homosexuels dans l'Eglise, José Leote espère porter le débat au synode sur la famille qui s'est ouvert dimanche au Vatican et doit se prolonger jusqu'au 19 octobre.

Peut-on parler de congrès mondial avec une quinzaine de participants? L'organisateur a déjà la réponse: "Jésus a d'abord rassemblé deux apôtres!" Son engagement dans l'association Rumos Novos découle d'une idée: il faut changer le regard des autres croyants, "le normaliser". "Nous voulons une place au sein de l'Eglise, mais pas d'un accueil spécial. Nous voulons la même place que n'importe quel autre croyant", dit-il.

Il a toujours su qu'il était homosexuel. Pourtant, il s'est marié à 20 ans. "J'étais jeune, et à l'époque on disait que l'homosexualité n'était qu'une phase. Je pensais que ça passerait avec le mariage". La famille n'est pas un tabou pour ce père de deux filles de 24 et 28 ans et d'un fils de 30 ans. "Mes enfants acceptent très bien Ricardo. Ma mère a eu plus de mal, mais elle s'y est faite."

Aujourd'hui, il pose son couple en modèle. "Nous sommes un couple fidèle, aimant, qui correspond à ce que veut l'Eglise, bien plus que d'autres couples hétérosexuels", fait-il valoir. S'il est prompt à critiquer le regard de l'Eglise et de ses fidèles sur les homosexuels, José Leote a récemment noté un changement, alors que les participants du congrès assistaient, mardi, à une messe dans une église de Portimao.

"Quand j'ai expliqué au prêtre que nous comptions venir, que je lui ai expliqué de quoi il s'agissait, il m'a répondu que tous les chrétiens étaient invités, qu'il n'allait pas demander à la porte de l'Eglise l'orientation sexuelle des fidèles". L'Evêque de l'Algarve, Manuel Quintas, a lui aussi réservé un bon accueil au rassemblement, même s'il n'a pu honorer l'invitation qui lui avait été adressée. "Je m'attendais à recevoir une réponse de rejet ou, au mieux, pas de réponse. J'ai été surpris", reconnaît José Leote.

(Source AFP)