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Proviseur révoqué

Le ministre va prendre une décision mieux proportionnée

Le ministre de l'Education nationale "arrêtera prochainement une décision mieux proportionnée" après avoir révoqué le 30 décembre un proviseur homosexuel de Mende qui animait un blog où il évoquait notamment son homosexualité, a annoncé vendredi le ministère. Une semaine après sa révélation, l'affaire rebondit donc.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 24/01/2006

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"Ce proviseur vient d'adresser un recours gracieux à Gilles de Robien, ministre de l'Education nationale. Au vu de son dossier, le ministre arrêtera prochainement une décision mieux proportionnée à la faute commise par ce fonctionnaire", a annoncé le ministère dans un communiqué.

Une semaine après sa révélation, l'affaire rebondit donc. Et c'est incontestablement la mobilisation entreprise qui est à l'origine de ce rebond. Le proviseur lui-même s'est exprimé et a dénoncé publiquement le caractère "disproportionné" de la sanction qui le frappe. Le Syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN) a été d'une solidarité sans faille vis-à-vis du proviseur depuis le début de l'affaire. A cet appui s'ajoute celui du Collectif de lutte contre l'homophobie de Montpellier qui conseille le proviseur dans le cadre de sa défense et la solidarité des internautes, en particulier des blogueurs qui dénoncent les menaces que cette affaire fait peser sur la liberté d'expression dans le cadre de ce nouveau média qu'est le blog.

La pétition sur Internet en faveur du proviseur a déjà recueilli près de 1 500 signatures.
Ce qui frappe d'emblée dans cette affaire est le fait qu'une sanction aussi sévère ait pu être prononcée alors même qu'aucun fait, parmi ce qui est reproché au proviseur, n'a jamais fait l'objet d'une sanction judiciaire. C'est la première fois qu'un membre du personnel de direction de l'éducation est révoqué sans avoir fait l'objet d'une procédure judiciaire au préalable. L'Education nationale a, en quelque sorte, fait sa justice elle-même sans se préoccuper du caractère juridiquement répréhensible des faits en question. Les procédures administratives engagées à l'encontre du proviseur gay ont été rapides et impitoyables.

Les faits qui lui sont reprochés portent principalement sur la façon dont il a fait état de son homosexualité sur son blog. Par le biais de " textes et photos évoquant ses expériences sexuelles, parfois de manière explicitement obscène ou pornographique" prétend l'arrêté de révocation. En réalité, il semble que les images propres au blog du proviseur lui-même se limitent à quelques clichés simplement érotiques présentant des torses d'homme sans apparition de sexe et d'une photo de lui nu sur le dos ou on voit ses fesses.

Le contenu "pornographique" dont fait état le ministère ne peut donc s'appliquer à ces clichés. Des images qui, elles, pourraient davantage s'apparenter à cette qualification, figurent sur les blogs de certains correspondants du proviseur, mais elles ne peuvent évidemment lui être imputables dans la mesure même où c'est le principe des blogs que de relier entre eux des contenus dont les émetteurs sont distincts. Une personne de l'entourage du proviseur, dénonce dans le Monde de vendredi dernier cet amalgame : "M. Collet ne peut pas être rendu responsable du contenu d'un site dont il n'est pas l'auteur", insiste cette personne.

Le recours gracieux auprès du ministre de l'Education nationale engagé par le proviseur révoqué semble avoir été entendu par les autorités éducatives. L'émoi suscité dans les médias par cette sanction inhabituelle et le soupçon d'homophobie qui peut s'y rattacher ont fait leur chemin. Le ministère entend manifestement atténuer la première sanction prononcée, la plus extrême qui puisse être appliqué contre un fonctionnaire. Radié de la fonction publique, sans droit au chômage, à la porte de son logement de fonction : la situation provoquée par la révocation est clairement "disproportionnée" pour reprendre les termes de l'intéressé. Le ministre va donc devoir se déjuger clairement à l'occasion de ce recours interne à l'institution éducative. En effet, le proviseur a envisagé de déposer un recours auprès du Conseil supérieur de la fonction publique et, s'il n'obtenait pas gain de cause, d'intenter une action devant le tribunal administratif.

>> Contre le outing du proviseur par la presse !

Le webmaster de GayAttitude, coordinateur du comité "Mobilisation" chargé d'organiser la protestation contre cette révocation s’indigne de la divulgation par certains organes de presse de l’identité du proviseur révoqué.

"L'administration reproche à un proviseur dont à peu près tout le monde sur cette Terre ignorait jusqu'à l'existence d'avoir un blog connu d'une quarantaine de lecteurs réguliers. Or certains, qui ignorent à peu près tout du vécu familial et personnel du proviseur révoqué, ont jugé bon de livrer son nom à la presse. Ce véritable outing ajoute la stigmatisation sociale à l'injustice de sa révocation" estime Matthieu Rouveyre, le webmaster de la plate forme.

Des démarches ont été menées auprès des médias par ses soutiens pour les avertir de la nécessité de ne pas dévoiler l'identité du proviseur. Pourtant, certains journalistes continuent de divulguer son nom.

"Nous demandons solennellement à chacun d'observer toute la discrétion possible quant au patronyme de l'intéressé. Toute personne le publiant se rend complice, même si ce ne sont pas ses intentions, d'une stigmatisation sociale dont les effets perdureront au-delà de toute décision administrative ou juridictionnelle, même si cette décision est favorable. Qu'il soit clair que nous réprouvons avec la dernière énergie ces procédés" explique les responsables de GayAttitude.

Mis en ligne le 23/01/06

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