La fédération d'associations homosexuelles qui ne s'était pas fixé initialement comme perspective de donner de consigne de vote pour l'élection présidentielle a finalement franchi le pas et s'exprime en faveur de Ségolène Royal. Les associations qui composent son conseil ont analysé mardi les programmes des candidats et "ont voté une position commune".


Après avoir interrogé avec rigueur et objectivité la quasi-totalité des candidats de premier tour sur leurs propositions et en avoir rendu compte dans une démarche comparative très fouillée, l'Inter s'est donné le temps de la réflexion et a choisi de franchir le pas du soutien déclaré, même si les termes employés pour exprimer sa préférence se restent mesurés.

L'Inter-LGBT rappelle qu'elle avait, dès le premier tour exprimé son opposition au projet d'union civile avancé par Nicolas Sarkozy, "un sous-mariage", avait déjà estimé l'interassociative.
Elle rappelle les raisons de son rejet d'une telle mesure : le caractère spécifique du statut envisagé, son aspect communautariste, sa fermeture à l'homoparentalité et la remise en cause du PaCS qu'il implique.

Mais au delà de ces réserves déjà exprimées, l'Inter-LGBT dénonce aujourd'hui "les choix idéologiques et les méthodes" de Nicolas Sarkozy.
En cause, les déclarations de fin de campagne de premier tour du candidat de droite sur le déterminisme génétique –y compris en matière d'homosexualité. Pour l'Inter, "Nicolas Sarkozy promeut ainsi une vision médicale et compassionnelle des personnes homosexuelles qui légitimerait le traitement différencié qu'il leur propose". La fédération LGBT refuse cette "vision biologique, essentialiste et différentialiste de l'homosexualité, porteuse de toutes les dérives".

L'Inter met également en avant ses inquétudes quant aux positions hostiles de la future majorité qui soutiendrait Nicolas Sarkozy en cas d'élection. Elle rappelle que l'UMP n'a toujours pas investi de candidat UMP face au député homophobe Christian Vanneste dans le Nord. Cette "bienveillance" de Sarkozy ne rassure pas l'Inter, pas plus que les 300 parlementaires qui le soutiennent et qui sont engagés dans un lobbying énergique contre l'ouverture de nouveaux droits aux couples homosexuels.

Dernier élément enfin, évoqué pour justifier sa mise en garde, l'Inter met en cause la volonté de Nicolas Sarkozy d'établir "le débat avec ses contradicteurs de la société civile".

Il n'en fallait donc pas davantage pour que l'Inter-LGBT franchisse le pas d'un engagement plus net dans la campagne en faveur de Ségolène Royal.
"Il faut constater que Ségolène Royal s'est engagée avec clarté en faveur de l'égalité" affirme la fédération homosexuelle qui place également ses espérances dans "le dialogue social et civique et la participation de la société civile" prônée par la candidate de gauche. "Il n'est pas dit qu'avec cette méthode de gouvernement, le monde associatif emporte tous les arbitrages, observe Alain Piriou (porte-parole), mais au moins, toutes les options restent-t-elles ouvertes. Avec Nicolas Sarkozy, le débat prendra fin le soir du second tour, redoute-t-il. Il ne subsistera plus qu'une confrontation entre une majorité et une opposition, entre une légitimité confiée par le suffrage universel et une société civile renvoyée à son statut de minorité".

Le Conseil de l'Inter ne nourrit pas d'illusions excessives et considère que "si Ségolène Royal est élue, il faudra se mobiliser pour que les engagements positifs qui sont les siens se traduisent en actes", mais il craint que "si Nicolas Sarkozy est élu, une telle mobilisation ne suffise pas à limiter les reculs. Car au delà de la seule question des personnes LGBT, il faut constater que l'élection de Nicolas Sarkozy ne sera pas qu'une simple continuité conservatrice du quinquennat qui s'achève, mais bien une rupture porteuse de régressions".

Lire notre édition spéciale.

> Menaces sur Illico : "extrêmemnt inquiétant" selon l'Inter-LGBT

En marge de la conférence de presse de l'Inter-LGBT sur l'élection présidentielle, Alain Piriou, son porte-parole a évoqué les menaces d'interdiction pesant sur le magazine Illico émanant du ministère de l'Intérieur.
"C'est manifestement une décision politique, les procédures d'interdiction de publication devant être validées par le cabinet du ministre. Soit c'est sur des considérations politiques, soit c'est une attaque sur des considérations morales relatives à la pornographie. Dans les deux cas, c'est extrêmement inquiétant" a-t-il déclaré.
L'Inter-LGBT doit rendre public un communiqué sur cette affaire après le week-end.

Mis en ligne le 27/04/07