
Plan sida 2010-2014
Une ambition saluée, des doutes sur la mise en oeuvre
Les associations de lutte contre le sida ont donné un satisfecit au projet de plan sida 2010-2014 dévoilé hier par Libération, mais estimé que l'amendement du député UMP Thierry Mariani sur les étrangers malades, voté mardi à l'Assemblée, l'affaiblissait considérablement.E-llico.com / Santé / VIH
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Plan sida 2010-2014
Mis en ligne le 13/10/2010
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Le plan national sida 2010-2014 élargit le dépistage et les méthodes de prévention, comme le réclamaient spécialistes et associations, mais des doutes subsistent sur son application dans le contexte financier et "sécuritaire" actuel.
La dernière mouture du texte, rendue publique mercredi par Libération, a été transmise pour avis il y a quelques jours au Conseil national du sida (CNS) et à la Conférence nationale de santé. Il ne s'agit donc encore que d'un "document de travail".
Le projet prévoit que toute la population française de 15 à 70 ans pourra - si elle le souhaite - se faire tester pour le sida. C'est ce qu'avait préconisé il y a un an la Haute autorité de santé (HAS) afin de combler le "retard important" de la France, où 40 à 50.000 personnes vivent avec le VIH sans le savoir et où plus de la moitié des personnes dépistées le sont avec retard.
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Le projet prévoit aussi un élargissement des stratégies de prévention, qui reposent aujourd'hui sur le préservatif et devraient inclure le traitement par antirétroviraux dès que la séropositivité est connue. Lourd (et cher), il n'est donné aujourd'hui qu'à un stade plus avancé de la maladie.
Lors de la dernière conférence internationale sur le sida, en juillet à Vienne, nombre de spécialistes avaient défendu l'idée d'une prescription plus tôt pour limiter la contamination, puisque les personnes traitées ne transmettent plus la maladie dès lors que le niveau viral est indétectable.
Le texte a semblé satisfaire la plupart des spécialistes et associations.
En son nom personnel, puisque le CNS n'en discutera que le 14 octobre, son président Willy Rozenbaum a noté qu'il constituait "un virage à 90 degrés" par rapport au projet présenté en juin, que le CNS avait vigoureusement critiqué.
Mais s'il a reconnu le bien-fondé des intentions, il est resté dubitatif sur les mesures prévues où il voit des "contradictions".
Jean-François Delfraissy, directeur de l'agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), relève les "avancées pour le dépistage", sur lesquelles l'ANRS mène déjà des programmes expérimentaux, et aussi pour "les outils de prévention plus précoces". Mais "au niveau budgétaire il faut que ça suive", met-il en garde.
Les associations sont à la fois satisfaites et sans illusion.
"Ca nous convient qu'on veuille faire une politique qui donne aux gens l'envie de se faire dépister et de se faire traiter, et qui s'appuie sur les associations", explique Bruno Spire, président de Aides.
Mais il s'interroge aussi sur l'application du plan dans "le contexte sécuritaire actuel". Suite à l'amendement Mariani sur les étrangers malades voté mardi par l'Assemblée, certains, pour ne pas être expulsés, "n'iront pas vers le soin et vont contaminer la population", estime-t-il.
"On a des ministres de l'Intérieur et de l'Immigration qui font une politique aux antipodes de celle du ministre de la Santé", ajoute-t-il.
Sidaction note que "des avancées semblent se dessiner", mais déplore également le vote de cet amendement qui prouve, selon l'organisation, que "la politique de lutte contre le sida en France, c’est la grande illusion".
L'ancienne ministre communiste Marie-George Buffet, présidente du groupe Sida à l'Assemblée, se félicite elle aussi de la mise en place d'un dépistage généralisé du sida.
Mais il faut encore "que les moyens soient mis en place pour que ce dépistage soit effectif", dit-elle, jugeant "inacceptable" que le projet de loi sur l'immigration "fragilise gravement l'accès aux soins des populations étrangères sur notre territoire".
Mis en ligne le 07/10/2010