
Ouganda
La police ougandaise privilégie le vol comme mobile du meurtre du militant LGBT
La police ougandaise privilégie un vol ayant mal tourné comme mobile du meurtre mercredi du militant homosexuel David Kato alors que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s'émeuvent de cet assassinat et réclame une sanction exemplaire.
E-llico.com / Actus
La police ougandaise privilégie le vol comme mobile du meurtre du militant LGBT
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Mis en ligne le 28/01/2011
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Ouganda Loi Peine de mort Criminalisation Meurtre
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Un militant LGBT outé par la presse battu à mort
La police écarte tout lien avec ses activités militantes LGBT, a annoncé jeudi le chef de la police ougandaise.
"Les investigations préliminaires désignent un cas de vol", a assuré le major général Kale Kayihura lors d'une conférence de presse.
David Kato "a été frappé à la tête avec un marteau par ses assaillants qui l'ont ensuite enfermé chez lui avant de prendre la fuite.
"Les habitants affirment avoir vu quelqu'un portant une veste et des chaussures qui appartenaient au défunt quitter la maison à la hâte", a-t-il ajouté.
Le chauffeur de David Kato a été arrêté jeudi après-midi par la police et un second suspect, employé depuis quelques jours par la victime, est en fuite, selon le policier.
"Les circonstances entourant cet incident ne révèlent aucun lien en rapport avec la campagne de M. Kato contre la loi anti-homosexualité débattue devant le Parlement ougandais. Il est dés lors faux (d'affirmer) que sa mort est liée à son rôle d'activiste au sein de (l'association) Minorités sexuelles en Ouganda", a affirmé le chef de la police.
"Alors que l'enquête de la police se poursuit, le public est prié d'ignorer toutes les insinuations suscitées par cet incident malheureux", a-t-il lancé.
David Kato, 46 ans selon la police, était à la pointe du combat contre ce projet de loi anti-homosexualité jugé ultra répressif par de nombreux pays et associations de défense des droits de l'homme.
En octobre 2010, il avait été visé par les appels au meurtre du quotidien local "Rolling Stone" qui avait publié des listes d’homosexuels en appelant à les "pendre".
Son nom et la photo avaient été publiés avec ceux de plusieurs dizaines de personnes présentées comme homosexuels.
"J'ai été profondément attristé d'apprendre le meurtre de David Kato. En Ouganda, David a fait preuve d'un courage extraordinaire pour prendre la parole contre la haine. Il était un puissant défenseur de la justice et de la liberté. Les Etats-Unis pleurent son meurtre, et nous nous engageons à soutenir son oeuvre", a indiqué le président Barack Obama dans un communiqué.
Le président a estimé jeudi qu'il était "essentiel" que le gouvernement ougandais enquête et "punisse les coupables".
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a quant à elle appelé les autorités ougandaises à mener "une enquête minutieuse et rapide" sur le meurtre du militant ougandais.
A Londres, le directeur du département Afrique au Foreign Office, Henry Bellingham, a demandé à la police ougandaise de mener "une enquête exhaustive" sur le meurtre et de traduire en justice les coupables.
Au nom de Paris et en son nom personnel, Bretrand Delanoë s'est "incliné avec respect devant la mémoire de David Kato" dans un communiqué. Le maire de Paris souhaite "que son exemple et son message inspirent à son pays les voies de la sagesse et de la dignité".
> La France réclame "toute la lumière"
"La France appelle les autorités ougandaises à faire toute la lumière sur cet assassinat", qu'elle "condamne avec la plus grande fermeté", a affirmé lors d'un point de presse le porte-parole du ministère, Bernard Valero.
"Cette douloureuse affaire rappelle la nécessité de l'adoption de mesures appropriées pour faire cesser les violentes campagnes de presse homophobes, dont David Kato avait été lui-même victime, et qui constituent une incitation à la haine contre les défenseurs des droits des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres (LGBT)", a-t-il ajouté.