
Mariage homosexuel
Les partisans de l'égalité misent désormais sur 2012
Les militants et organisations en faveur de l'égalité du mariage misent désormais sur l'échéance politique de 2012 pour faire légaliser le mariage homosexuel après la décision du Conseil constitutionnel qui a jugé son interdiction conforme à la Constitution.
E-llico.com / Actus
Les partisans de l'égalité misent désormais sur 2012
Mariage homosexuel
Mis en ligne le 28/01/2011
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Mariage gay Egalité Loi Conseil constitutionnel
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Les Sages déclarent l'interdiction du mariage homosexuel conforme à la Constitution
N"Le Conseil constitutionnel vient de rater une occasion historique de mettre un terme à une discrimination devenue intolérable pour plus de 3 millions de personnes gays et lesbiennes en France, alors que dans le même temps neuf pays européens ont déjà ouvert le mariage aux personnes de même sexe", a réagi dans un communiqué Me Caroline Mécary.
Pour l'avocate, qui représente les associations SOS Homophobie et Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), il faudra probablement "attendre une alternance politique en 2012 pour espérer que les partis de gauche, qui se sont tous engagés pour l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, initient une telle réforme".
Dans un communiqué, l’Association des familles homoparentales (ADFH) s’interroge: la décision du Conseil constitutionnel est-elle liée à une question de génération? "Avec un âge moyen des membres du Conseil Constitutionnel de plus de 71 ans, il était difficile d’envisager une autre réaction qu’un conservatisme autiste, bien éloigné de l’avis des Français qui est majoritairement favorable".
Le président du Collectif contre l'homophobie rappell que "sur 11 membres du Conseil constitutionnel", il y avait "quasiment 10 membres de droite". Et sur une "question de cette nature-là, une question sociale et sociétale", c'est "la logique politique et la sensibilité partisane" qui l'ont emporté "sur la logique juridique".
Pour Homosexualités et Socialisme, "il n’est plus supportable que les institutions françaises s’ouvrent aux uns et se ferment aux autres en fonction de l’orientation sexuelle. Cette inégalité apporte une justification aux discriminations et aux violences qui pèsent sur les personnes LGBT (...) En 2012, chacun saura qui, parmi les candidats, s’engage à ouvrir le mariage aux couples de même sexe".
SOS Homophobie ne perd pas espoir, "car la question du mariage pour les gays et lesbiennes reste, encore et toujours, posée. Et il ne saurait y avoir d'autre réponse que celle qui adviendra, dans quelques mois ou dans quelques années, quand des hommes et des femmes politiques qui sauront faire preuve de responsabilité y répondront par l'affirmative". SOS homophobie "sait que le mariage sera ouvert aux gays et lesbiennes en France, tôt ou tard, comme il l'a été dans de nombreux pays européens au cours des dernières années".
Pour le Centre LGBT Paris IdF, "les derniers remparts finiront par s’ébranler sous les demandes répétées et légitimes des associations notamment, qui revendiquent l’égalité devant la loi. Ce n’est qu’une question de temps, les politiques finiront par comprendre qu’ils ont tout intérêt à satisfaire le besoin de justice et d’égalité des citoyens".
Me Emmanuel Ludot, l'avocat des deux jeunes femmes à l'origine de la saisine du Conseil constitutionnel, a exprimé l'espoir vendredi que la campagne présidentielle fasse bouger les choses sur cette question, les Sages ayant renvoyé la balle au législateur.
"On est à 12 mois de l'élection présidentielle grosso modo. Dans ces 12 mois, qu'est ce qu'on va nous proposer pour le prochain quinquennat, à droite comme à gauche?". "Ca va bouger avant 2012", veut-il croire.
Sans attendre, ses clientes, Corinne Cestino et Sophie Hasslauer, "ont l'intention de continuer le combat judiciaire sous d'autres formes", a-t-il dit.
"Il y a plusieurs pistes à l'étude. Dans les semaines qui viennent, d'autres initiatives juridiques seront prises", a-t-il annoncé, sans donner de précisions.
Réactions des politiques
Le Parti socialiste estime que la droite était "à nouveau renvoyée à ses responsabilités" et demande à la majorité parlementaire "d’accepter enfin de faire évoluer notre législation".
"La multiplication des affaires portées devant les tribunaux par des citoyens ou des couples homosexuels lésés en dit long sur le fossé croissant entre les évolutions sociales et nos lois, que la droite refuse toujours de faire progresser", selon les responsables socialistes qui dénoncent un "immobilisme inacceptable".
Le PS "s'engage à reconnaître et à protéger l’ensemble des familles et à permettre à tous les citoyens d’accéder aux mêmes droits et aux mêmes responsabilités dès son retour aux responsabilités nationales. Il demande à la majorité parlementaire de se saisir sans tarder de cette question et d’accepter enfin de faire évoluer notre législation".
Pour Jack Lang, député PS, et ex-ministre, "le législateur français a été l'un des derniers à reconnaître le droit de vote des femmes, ou le droit de vote des jeunes à 18 ans, ou à abolir la peine de mort. Serons-nous à nouveau les derniers à établir une égalité entre les orientations sexuelles ?".
Le député-maire de Bègles Noël Mamère (EEV), qui avait célébré le premier mariage homosexuel, annulé en 2007, s'est félicité vendredi que le Conseil constitutionnel "ne ferme pas la porte à l'ouverture du mariage aux couples de même sexe", soulignant qu'"elle renvoie à un débat législatif".
Cécile Duflot, secrétaire nationale Europe Ecologie-Les Verts, déplore "une décision très décevante". "Une discrimination est encore plus insupportable quand elle est acceptée par les lois. Pourtant, dans un pays démocratique et laïc, rien ne justifie que les couples de même sexe ne puissent pas se marier ou adopter", a-t-elle argumenté.
Selon le PCF, "la France conserve son bonnet d’âne en ce qui concerne l’accès au droit de se marier pour les personnes de même sexe, alors même que de nombreux pays en Europe ont remédié depuis longtemps à cette inégalité de droits".
A l'inverse, Christine Boutin, présidente du Parti chrétien démocrate salue "cette décision qui respecte notre tradition juridico-politique". "Ceux qui ont pu penser qu'ils obtiendraient satisfaction par la multiplication de petites procédures trouvent aujourd'hui une réponse : en France, le droit n'est pas l'objet de tel ou tel lobby". "Le droit au mariage pour les couples homosexuels ne serait que la première étape avant l'adoption. Et tout comme la définition du mariage, le débat sur l'extension du 'droit à l'enfant' est trop important pour relever d'un 'groupe de sages' ou d'une jurisprudence".