"Nous n'en sommes pas là, il est trop pour se prononcer. Mais, même si je ne le souhaite pas, ce n'est pas exclu si les choses continuent comme ça. L'UMP doit s'engager". L'avertissement est clair et il est prononcé par le président de GayLib, Emmanuel Blanc (photo), dans une interview au site du Nouvel Observateur.

GayLib envisage bel et bien de se détacher de l'UMP dont elle est membre associé depuis sa création.

En cause les promesses non tenues de Nicolas Sarkozy, comme l'Uinon civile - qui n'a jamais fait l'objet de l'ombre d'un projet de loi -, le torpillage du projet sur le statut du beau-parent par le député Jean Leonetti et les prises de positions anti-gay, non sanctionnées, d'une série d'élus UMP depuis le début de la législature.

Au total, une législature et un quinquenat au cours desquels les droits LGBT n'ont pas progressé ou presque, laissant la France très en retard en la matière sur la plupart des pays européens et le mouvement gay sur un bilan amer.

"Si vous voulez nos voix, donnez nous nos droits", demande aujourd'hui le président de GayLib à l'UMP, souhaitant que les questions LGBT soient prises en compte dans le programme présidentiel pour 2012.
 
"Les engagements pris en 2007 par Nicolas Sarkozy étaient encourageants, notamment la proposition d'une union civile, mais ils n'ont pas été tenus et à l'heure actuelle, l'union civile n'est plus d'actualité, c'est dépassé. Nous demandons le droit de pouvoir nous marier et d'adopter au nom de l'égalité des droits", explique Emmanuel Blanc, avec la chance qu'on imagine d'être suivi par une UMP en voie de droitisation.

Alors GayLib en dehors de l'UMP? Ce souhait de Christian Vanneste, qui demandait il y a quelques jours encore l'exclusion du mouvement gay du parti présidentiel, pourrait bien devenir réalité d'ici l'été.

Devant tant de couleuvres avalées, le groupe LGBT de droite serait tenté de rejoindre l'alliance centriste en cours de formation autour de Jean-Louis Borloo.

L'ex-ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy passe pour être un peu moins hostile ou indifférent aux LGBT que la majorité des élus UMP, même s'il ne s'est jamais distingué sur la question par une quelconque déclaration ou initiative qui mérite d'être mentionnée.

Celui qui veut organiser l'aile "sociale" et "humaniste" de la majorité", et qui accueille ces derniers temps tous les déçus de droite du sarkozysme telle l'ex-secrétaire d'Etat gay-friendly Rama Yade, pourrait représenter un refuge plus hospitalier pour GayLib que l'actuelle UMP.

Toutefois, le mouvement gay n'est pas à l'abri, là non plus, de désillusions. L'alliance de Borloo a fait une visite de courtoisie remarquée au micro-parti catho de Christine Boutin - elle aussi en rupture de ban avec l'UMP - le week-end dernier… Et les troupes regroupées autour de Jean-Louis Borloo entendent clairement rester dans une stratégie d'alliance avec l'UMP qui restera le pilier et le maître véritable de toute coalition à droite.

"La part des votants UMP véritablement contre [les droits LGBT], nous la connaissons, c'est l'électorat de Christine Boutin. Il représente 1,2%", déclare Emmanuel Blanc au Nouvel Obs. 1,2% qui pourraient intéresser Borloo et ses amis et à côté desquels les homos risque - une fois de plus - de ne pas pser pas bien lourd politiquement.