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L'orientation sexuelle provoque une polémique avec l'enseignement catholique
Les organisations catholiques mènent campagne contre les nouveaux programmes de biologie en première abordant la question de l'orientation sexuelle, se heurtant à des enseignants et chercheurs qui dénoncent une "croisade contre l'homosexualité" et une "censure archaïque".
E-llico.com / Actus
L'orientation sexuelle provoque une polémique avec l'enseignement catholique
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Mis en ligne le 10/07/2011
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Une circulaire du 30 septembre 2010 du ministère de l'Education nationale prévoit que les programmes de sciences de première doivent, à la rentrée, comporter un chapitre intitulé "Devenir homme ou femme".
Celui-ci doit "affirmer que si l'identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l'orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée".
Les maisons d'édition ayant évoqué selon des modalités variées ce chapitre, la direction de l'enseignement catholique a écrit fin mai aux directeurs diocésains pour attirer leur attention sur "le discernement à apporter dans le choix des manuels pour cette discipline".
Le courrier critique le chapitre incriminé car il fait "implicitement référence à la théorie du genre".
"La 'théorie du genre', c'est que chacun choisit son identité sexuelle. Nous, nous disons qu'il y a une norme: on naît garçon ou fille et on réfute qu'on ait le choix de son genre", a estimé à l'AFP Claude Berruer, adjoint au secrétaire général de l'enseignement catholique.
La "théorie du genre", rappelle le sociologue Eric Fassin, "dit qu'il y a des normes. Simplement, comme ces normes sont sociales, elles sont discutables. Elles ont une histoire qui est politique, elles sont donc politiquement transformables".
Plusieurs associations catholiques, relayées par Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, et une pétition ayant recueilli à ce jour près de 32.500 signatures, demandent à Luc Chatel, d'apporter des "correctifs" ou d'"interdire l'usage des manuels incriminés".
Interrogées par l'AFP, les maisons d'édition n'ont pas réagi, à l'exception de Bordas qui indique avoir "respecté le cahier des charges très strict fixé par le ministère, lors d'une réunion avec les éditeurs".
Egalement interrogé, le ministère n'a pas souhaité réagir.
Chez les enseignants, le syndicat Snes-FSU dénonce une "croisade contre l'homosexualité" et l'UNSA Education juge que "les Eglises n'ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de 'citoyens' et non de 'croyants', sauf à vouloir défaire la loi de la séparation des Eglises et de l'Etat".
Soulignant que les personnels scolaires sont "confrontés au désarroi de jeunes en difficulté avec leur orientation sexuelle", le Groupe national information et éducation sexuelle (Gnies, réunissant notamment des professeurs de biologie) se félicite que cette question soit abordée en classe.
Le sociologue Eric Fassin voit dans la polémique "une dimension religieuse importante explicite": l'Eglise catholique a compris que si l'on entre dans la logique du genre, cela veut dire que "les rôles ne sont pas naturels" et que cela pose la question des sexualités et du mariage homosexuel.
"Le sexe et le genre sont des choses qui demeurent quasiment illégitimes en France, et pas seulement à l'école", souligne la philosophe Geneviève Fraisse. "Je travaille sur ces questions au CNRS depuis presque 30 ans" et "on en est encore à se demander si on doit pouvoir parler aux enfants de sexe et genre".
Dans une lettre ouverte, l'Institut Emilie du Châtelet, qui a pour objectif la promotion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre, dénonce dans une lettre ouverte publiée dans Le Monde, une "censure archaïque" de la droite religieuse. Sa pétition a recueilli près de 1.700 signatures.
Source : AFP