Décès du dernier déporté pour homosexualité - Rudolf Brazda

Rudolf Brazda

Décès du dernier déporté pour homosexualité

Le dernier survivant connu des "Triangles roses", des hommes déportés pour homosexualité par les nazis, Rudolf Brazda, fait chevalier de la Légion d'honneur en avril dernier, s'est éteint mercredi à l'âge de 98 ans.

E-llico.com / Actus

Décès du dernier déporté pour homosexualité
Rudolf Brazda

Mis en ligne le 04/08/2011

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Rudolf Brazda avait cosigné avec Jean-Luc Schwab "Itinéraire d'un Triangle rose" retraçant ses 32 mois en camp de concentration, le travail forcé, la mort omniprésente, les coups, les vexations.

"Rudolf s'est endormi paisiblement dans son sommeil à l'aube du 3 août, il résidait depuis le mois de juin dans un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes, à Bantzenheim (Haut-Rhin)", selon son entourage.

Les obsèques de cet homme d'origine tchèque naturalisé français en 1960 se dérouleront lundi à Mulhouse, ont indiqué les pompes funèbres.

"Conformément aux dispositions de son testament, sa dépouille sera incinérée et ses cendres déposées à côté de celles de son compagnon de vie de plus de 50 années, Edouard Mayer, décédé à Mulhouse en 2003", ajoutent ses amis.

Rudolf Brazda avait fait partie des dizaines de milliers de  personnes déportées sous Hitler en raison de leur orientation sexuelle, les nazis considérant l'homosexualité comme un danger pour la perpétuation de la race.

Il avait été déporté au camp de concentration de Buchenwald où il porta le triangle rose, avant de choisir de vivre en France.

Né en 1913 en Saxe (Allemagne) dans une famille tchèque germanophone, Rudolf prend conscience de son homosexualité comme "une disposition naturelle qu'il accepte comme telle, conscient d'avoir eu la chance d'avoir toujours eu un compagnon à ses côtés", racontait-il.

En 1937, il est condamné à six mois de prison pour "débauche entre hommes", puis expulsé vers la Tchécoslovaquie. Là, après l'annexion des Sudètes par Hitler, il est à nouveau jugé et condamné pour le même type de faits, cette fois à 14 mois de prison.

Cette peine purgée, Rudolf, considéré comme un récidiviste, est interné au camp de concentration de Buchenwald, dans le centre de l'Allemagne. Il survécut à 32 mois d'enfer dans ce camp, grâce à son amitié avec un kapo communiste et à "un peu plus de chance que les autres".

Le drame des "Triangles roses" est resté méconnu jusqu'à ce que, à partir des années 1980, une pièce de théâtre, des livres et des films commencent à évoquer la question. Lorsque, en mai 2008, l'Allemagne inaugure solennellement, au coeur de Berlin, un monument à leur mémoire, les organisateurs expliquent que ce drame ne compte plus aucun témoin vivant.

C'est alors seulement que Rudolf Brazda, qui vit dans l'anonymat depuis 1945 près de Mulhouse, décide de sortir du silence. Un mois plus tard, il est l'invité d'honneur de la Gay Pride berlinoise. Vêtu d'une chemise rose, il dépose une fleur au pied du nouveau mémorial, en présence du maire de la capitale allemande Klaus Wowereit, gay lui aussi.

Rudolf Brazda avait participé à plusieurs interventions dans les établissements scolaires en Alsace et à la pose de plaques commémoratives sur les Triangles roses à Mulhouse et au camp de concentration du Struthof (Bas-Rhin), où avaient été déportés 215 homosexuels.

"Après le témoignage de Pierre Seel, celui de Rudolf Brazda a permis de mieux nous éclairer sur la tragédie que fut la persécution des homosexuels pendant la Seconde Guerre Mondiale, et sur le sort qui leur fut réservé à la Libération", a estimé le Mémorial de la déportation homosexuelle dans un communiqué.

"C'est avec beaucoup de tristesse que nous accueillons la nouvelle de ce décès qui voit ainsi se refermer une page de vie et d'histoire presque centenaire de la mémoire homosexuelle", a réagi pour sa part l'association Les Oubié-e-s de la Mémoire qui a ouvert un registre de condoléances sur internet à l'adresse suivante: www.livre-dor.net/livre.php?livredor=121358

Avec AFP

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