Une médiatrice aux affaires familiales de Bogota a ordonné la remise de deux enfants colombiens à un Américain homosexuel qui les avait adoptés puis s'était vu retirer leur garde en raison de son orientation sexuelle.

"Je suis incroyablement heureux. J'espère pouvoir voyager aux Etats-Unis avec mes fils pour retrouver ma famille et y passer le Nouvel an avec eux, à New York", a déclaré Chandler Burr à des journalistes après l'annonce de la décision lundi soir.

Chandler Burr, journaliste du quotidien américain New York Times, avait légalement adopté les deux garçons, Brian et Joseph, âgés de 13 et 10 ans, en mars 2011, après deux ans de démarches administratives.

Au mois d'avril, l'Institut colombien du bien-être familial (ICBF), organisme d'Etat supervisant les adoptions, avait cependant interdit leur départ vers les Etats-Unis avec Chandler Burr en raison de son orientation sexuelle.

Chandler Burr avait alors fait appel de la décision, et une médiatrice aux affaires familiales de l'ICBF a décidé de lui accorder la garde, après avoir entendu les deux garçons et Chandler Burr, une mesure qui reste toutefois provisoire.

Cette affaire "est unique, spéciale et provisoire", a expliqué son avocat Rodrigo Uprimny, avant de préciser que la Cour constitutionnelle colombienne serait sans doute amenée à examiner l'affaire.

Le directeur de l'ICBF Diego Molano a pour sa part assuré qu'un "processus rigoureux d'accompagnement" serait mis en place dans l'intervalle et que l'Etat colombien avait pour principe de "privilégier le souhait et les droits des enfants".

Il a expliqué mardi que cette décision avait été prise dans un contexte de "vide juridique", la loi interdisant pour l'instant les adoptions par des couples homosexuels mais ne prévoyant rien concernant les célibataires.

Si l'adoption des deux garçons était confirmée il s'agirait du premier cas en Colombie d'adoption légale d'enfants par un homosexuel alors que dans la plupart des pays d'Amérique latine, celle-ci n'est pas légale.

Le procureur général (justice administrative), opposé à l'adoption par des couples du même sexe, a pour sa part annoncé mardi qu'une étude juridique était en cours sur l'affaire Burr, selon des médias colombiens.

La Colombie, pays où près de la moitié de la population (46%) vit sous le seuil de pauvreté, favorise depuis des années les adoptions internationales.

En 2010, sur 3.058 enfants adoptés, 1.999 l'ont été par des étrangers, selon des données de l'ICBF.

L'Italie (673), la France (413), les Etats-Unis (242) et l'Espagne (241) sont les principales destinations de ces orphelins, dont l'adoption est gratuite et entourée d'importantes mesures de protection, mises en place par cet organisme.

En Colombie, les couples du même sexe bénéficient de certains droits, notamment en matière de prestations sociales et d'héritage, comme les concubins. Ils ne peuvent en revanche ni se marier ni adopter.

(Source AFP)