Le pape Benoît XVI a dénoncé jeudi en termes particulièrement vifs les "graves dangers" auxquels sont exposés selon lui l'Eglise et la société américaines du fait d'un "sécularisme radical" s'exprimant jusque dans les "sphères politiques et culturelles".

Les propos du pape, devant quinze prélats, prennent un sens tout particulier à l'approche de l'élection présidentielle américaine. Des thèmes tels que l'avortement ou le mariage homosexuel sont au coeur de la campagne.

S'adressant à une délégation d'évêques américains venus en visite régulière "ad limina", Benoît XVI a estimé que le consensus de la nation américaine fondé "sur certains principes éthiques (...) s'est érodé de manière significative en présence de puissants nouveaux courants culturels".

Ces courants, a-t-il dit, "ne sont pas seulement directement opposés à des enseignements moraux fondamentaux de la tradition judéo-chrétienne, mais de plus en plus hostiles au christianisme en tant que tel".

"La séparation légitime de l'Eglise et de l'Etat ne peut signifier que l'Eglise reste silencieuse sur certaines questions", a-t-il martelé.

Le pape a cité "le respect pour le don de Dieu de la vie, la protection de la dignité humaine et la promotion d'authentiques droits de l'homme".

L'émergence d'"un monde de laïcs bien formés, engagés et organisés avec un fort sens critique à l'égard de la culture dominante" est nécessaire. Ces laïcs doivent "avoir le courage de contrer un sécularisme réducteur" qui veut "délégitimer la participation de l'Eglise dans le débat public", a-t-il dit.

"L'Eglise a un rôle crucial à jouer dans la lutte contre les courants culturels qui, sur la base d'un individualisme forcené, cherchent à promouvoir des notions de liberté séparées de la vérité morale", a fustigé Benoît XVI.

Le pape a particulièrement regretté "les efforts concertés accomplis afin de refuser aux catholiques et aux institutions catholiques leur droit à l'objection de conscience" face à "des pratiques intrinsèquement mauvaises".

Il n'a pas cité explicitement quelles étaient ces pratiques, mais l'Eglise catholique a pris des positions nettes contre l'avortement, l'euthanasie, les manipulations génétiques, la sélection de l'embryon, le mariage homosexuel.

Choisi par le pape avec 21 autres prélats du monde entier pour devenir cardinal lors d'un consistoire le 18 février, Mgr Timothy Michael Dolan, archevêque de New York, a pris notamment des positions en flèche contre le mariage gay et l'avortement.

L'Eglise américaine, ébranlée depuis 2002 par la révélation d'un vaste scandale pédophile, est traversée par de nombreux courants. Certains de ses théologiens proposent des réformes libérales en matière éthique au sein du catholicisme.

(Source AFP)