En couple depuis 1989, et "pacsées" en 2002, Valérie Gas et Nathalie Dubois élèvent ensemble la fille biologique de Nathalie, 12 ans, et son petit frère, de 7 ans, dont Nathalie est également la mère biologique.

Les démarches de Valérie pour adopter la fillette ont débuté en 2003. "J'attendais qu'elles aboutissent pour entamer une procédure d'adoption pour son frère", a indiqué Mme Gas à l'AFP.

Après l'échec subi jeudi devant la CEDH, Valérie, une psychologue de 41 ans, s'est dite " très déçue, en colère" mais "déterminée poursuivre le combat".

Alors que 11 pays d'Euope reconnaissent l'adoption par les couples homosexuels, "rien n'a changé en France depuis neuf ans, c'est extrêmement triste", juge-t-elle.

Grâce à des petites astuces - comme biffer la mention "mère" sur les documents scolaires pour les remplacer par "compagne", sa vie quotidienne n'a pas été affectée par cette situation, acceptée par leurs familles et le milieu scolaire, témoigne-t-elle.

"Mais si ma fille devait être opérée en urgence, en l'absence de Nathalie, je ne peux rien faire, je n'ai même pas le droit de rentrer dans sa chambre", peste-t-elle.

"J'ai un rôle tous les jours mais aucun droit", résume Valérie qui s'inquiète surtout "pour l'avenir" notamment parce que "si je décède, je veux qu'elle hérite".

En outre, "on aurait aimé que cela serve d'exemple", ajoute cette psychologue qui "trouve aberrants" les doutes émis par certains sur le développement des enfants élevés dans un foyer fondé par des homosexuels.

A deux reprises, en 2006, la justice française a refusé à Valérie une adoption simple de la fille de sa compagne qui aurait conduit, comme l'exige le droit français, à un renoncement d'autorité parentale par cette dernière.

En appel "la Cour de Versailles s'est permis de dire à ma compagne qu'elle était une mauvaise mère" en voulant l'adoption, s'indigne Valérie Gas, encore outrée que la Cour ait également évoqué les risque d'une séparation des deux femmes pour motiver son refus.

"A croire qu'il n'y a que les couples d'homosexuels qui se séparent" proteste Mme Gas.

Dès l'arrêt de la CEDH connu, elle a prévenu son avocate, Me Caroline Mecary, qu'elle lancerait une procédure d'adoption pour le petit garçon. En attendant, elle espère un changement législatif rapide qui accorderait aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux hétérosexuels.

Dans la perspective de la présidentielle, "la position du PS et de Hollande est claire". Ils se sont prononcés pour le mariage homosexuel et l'adoption. "Mais l'UMP et Sarkozy doivent être ravis de la décision de la CEDH", conclut-elle.

Saisie par Valérie Gas, la CEDH a estimé jeudi que le refus par la justice française de l'autoriser à adopter l'enfant de sa compagne ne constituait pas une discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

(Source AFP)