
Enquête Capote et Pilule
Le SNEG préconise le maintien de l'essai Ipergay et la prudence dans la prévention combinée
Une étude menée par le SNEG Prévention et l’Institut de recherche IPSR l'été dernier apporte des connaissances nouvelles sur les attitudes des gays séronégatifs face à l’utilisation des antirétroviraux VIH en prophylaxie préexposition (PrEP).
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Le SNEG préconise le maintien de l'essai Ipergay et la prudence dans la prévention combinée
Enquête Capote et Pilule
Mis en ligne le 24/10/2012
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Alors que la Food and Drug Administration américaine a approuvé en juillet 2012 l’utilisation des antirétroviraux en prophylaxie préexposition afin de réduire le risque de transmission du VIH parmi les individus séronégatifs à haut risque de contracter le VIH, la PreEP n'est pas encore dispobible en France.
Les experts débattent sur les avantages et les inconvénients d’une éventuelle mise à disposition de ce nouvel outil de gestion des risques pour les personnes séronégatives et les aassociations sont divisées à ce sujet.
Act Up a quitté il y a quelques semaines le comité associatif de l'essai Ipergay, alors que Aides et le SNEG s'y maintiennent et militent avec des nuances pour le maintien des recherches sur la PrEp.
On ne disposait jusqu’ici d’aucune donnée empirique sur le niveau de familiarité des gays français séronégatifs vis-à-vis de la PrEP, la part et le profil de ceux qui seraient prêt à l’utiliser si elle venait à être mise à disposition et sur ce qu’il pourrait advenir de la prévention comportementale en cas de mise à disposition de la PrEP.
Ces données sont désormais disponibles grâce à l’étude en ligne www.CapoteEtPilule.net menée en juin-juillet 2012 par SNEG Prévention et IPSR auprès de 939 hommes gays séronégatifs.
Il en ressort que les débats sur la PrEP sont restés confinés à des cercles assez restreints. Seuls trois gays séronégatifs sur dix ont entendu parler de la PrEP et seulement un gay séronégatif sur dix se sent bien informé sur ce sujet.
La part des gays séronégatifs qui seraient prêts à utiliser la PrEP reste réduite sauf si la PrEP pouvait offrir un niveau de protection exceptionnel : seuls 17,5% des répondants seraient prêts à utiliser la PrEP si elle était efficace à 50%, 23% des participants l’utiliseraient si elle était efficace à 60%. Pour convaincre la moitié des gays à utiliser la PrEP, il faudrait qu’elle puisse être efficace à 90%.
Les gays séronégatifs sont bien plus souvent intéressés par une PrEP à la demande (62,8%) que par une PrEP en continu (24,6%).
Les gays séronégatifs sont d’autant plus enclins à utiliser la PrEP qu’ils sont inquiets face à une contamination possible et qu’ils ont, par ailleurs, eu des rapports non protégés. Par contre, cette tendance est limitée par le fait de percevoir un risque d’effets secondaires en cas d’utilisation de la PrEP.
Le risque de relâchement de la prévention existe
Parmi les répondants prêts à utiliser la PrEP, 25,1% exprimait un sentiment de relâchement possible de la prévention en cas d’utilisation de la PrEP. Ce taux de relâchement possible atteint 64% chez les gays séronégatifs démotivés face à la prévention comportementale, un public qui regroupe notamment des hommes séronégatifs de 35 ans et plus qui fréquentent les établissements de sexe.
Dans la vraie vie, ce relâchement pourrait contrebalancer le bénéfice induit par l'utilisation de la PrEP en termes de réduction de la transmission du VIH, sans parler de l'impact des autres infections sexuellement transmissibles.
Pour le SNEG, il est primordial de mieux informer les gays séronégatifs sur la PrEP
Pour intéresser plus de gays, il faudrait cependant que la PrEP puisse être utilisée à la demande plutôt qu’en continu et que cette technologie puisse démontrer une efficacité assez forte. "Il convient donc d’accompagner l'essai actuel Ipergay mené par l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida (ANRS), estime Antonio Alexandre le responsable du SNEG Prévention, afin que l’outil que constitue la PrEP intermittente puisse être testé et amélioré dans le cadre d’un essai clinique".
La priorité est de démontrer l’efficacité de la PrEP intermittente afin de répondre aux attentes potentielles des gays séronégatifs français.
"Le préservatif reste l'outil le plus efficace dans le cadre de partenaires sexuels multiples ou anonymes, sa promotion doit se poursuivre sans ambiguïté, rappelle le SNEG Prévention. Dans ce cadre, IPERGAY n’est pas seulement un essai de dispensation d’antirétroviraux mais aussi un dispositif d’accompagnement de prévention personnalisé et de dépistage régulier des Infections Sexuellement Transmissibles (IST)".
"Compte tenu du taux estimé de relâchement possible de l’étude Capote et Pilule, nous pensons qu’il faut maintenir le bras placébo de l’essai IPERGAY qui incite les gays séronégatifs participant à l’essai à rester vigilants et permettra d’évaluer avec précision l’impact de l’accompagnement personnalisé dont ils bénéficient", ajoute Antonio Alexandre.
Pour ce qui est de la diffusion de la PrEP orale en continue pour les gays séronégatifs, le SNEG Prévention pense que cela nécessite des infrastructures en capacité de suivre en accompagnement counseling et en accompagnement biologique ce qui n’existent pas à ce jour en France, hors de l’essai Ipergay.
"Sans un dispositif d’accompagnement complet pour la PrEP continue semblable à celui de la recherche Ipergay alliant counseling, préservatif antirétroviral, il nous apparait dangereux pour les gays séronégatifs d’envisager une expérimentation de la PrEP dans la vraie vie", conclut le SNEG Prévention.
> L'enquête est téléchargeable : http://www.sneg.org/prevention/