Trois mois : c’est le délai qu’il reste au centre de santé sexuelle parisien Le 190 pour trouver des solutions pérennes pour poursuivre son activité.
Ce lieu unique en son genre, innovant en matière de santé sexuelle, ouvert depuis 3 ans, a ouvert 4.200 dossiers depuis sa création concernant une population gay à 90%.
Il reçoit 2.000 patients par an, un chiffre en augmentation. Il dépiste 1 à 2 cas de VIH par semaine et 1 à 2 de syphilis par jour. Autant dire que utilité n'est plus à démontrer.
Pourtant, deux raisons pourraient mettre fin à cette structure de façon brutale, alerte aujourd'hui son président Franck Desbordes.
La première porte sur la question du financement. "Malgré une hausse importante et régulière des consultations médicales (dépistages et suivis), nous ne pouvons vivre sans subventions, explique-t-il. Plusieurs dossiers déposés pour l’exercice 2014 n’ont pas encore été arbitrés. Nous ne pouvons, à cet instant, que constater le déséquilibre financier de la structure, sans certitude pour l’avenir".
La deuxième raison réside dans le fait que le propriétaire actuel des locaux où est hébergé Le 190, un fond de pension luxembourgeois, a vendu l’immeuble. "Nous devons partir d’ici la fin décembre, l’acquéreur ne semblant pas disposé à nous accorder un quelconque délai", précise Franck Desbordes.
Malgré des rcherches incessantes, ces deux dernières années dans Paris intra-muros, les responsables du 190 ont rencontré des difficultés avec chaque lieu visité quant à la question des nombreuses normes imposées : accès aux personnes à mobilité réduite, établissement recevant du public, normes thermiques et environnementales,…
Le coût de ces mises aux normes porte à chaque fois sur plusieurs centaines de milliers d’euros. Et l’aide de la Région Ile-de-France est soumise au respect de ces normes.
Une adresse ciblée récemment dans le 11ème arrondissement de Paris et qui convenait aux besoins du centre se trouve remise en caus par l’annonce de travaux supplémentaires, d’autorisations préalables, de délai de passage de commission qui gonflent la facture et mettent largement hors-délai le déménagement impératif.
Devant l’ensemble de ces difficultés, une majorité parmi les administrateurs de Sida Info Service (SIS)-Le 190, réunis le 11 septembre, a souhaité la convocation d’une Assemblée Générale Extraordinaire avec pour ordre du jour la question de la continuité ou de l’arrêt de l’expérience.
Cette assemblée aura lieu le 29 septembre prochain avec un enjeu crucial, on le voit.
"Chaque jour, le centre de santé sexuelle démontre le bien-fondé de son approche novatrice. Nous ne pouvons pas laisser nos deux mille patients annuels sans solutions de dépistage, d’accompagnement et de suivi", affirme, combattif, Franck Desbordes qui se refuse à la résigantion et remue ciel et terre pour sauver Le 190, notamment auprès des responsables publics qui demeurent silencieux jusqu'ici.
"Nous avons défini nos prochaines voies de développement. Il y a encore tant à faire, plaide-t-il en en appelant à la responsabilité de chacun et à la mobilisation de tous. "La situation est très urgente", conclut-il. On l'aura compris.