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Le don de sang ouvert au homosexuels à partir du printemps 2016, mais avec de fortes restrictions

Les homosexuels vont pouvoir donner leur sang à partir du printemps 2016, a annoncé mercredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, précisant que ce changement se ferait "par étape", dans "le respect absolu de la sécurité des patients".

E-llico.com / Santé / VIH

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Mis en ligne le 04/11/2015

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L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida.

"Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c'est aujourd'hui un tabou, une discrimination qui sont levés", a déclaré la ministre en présentant mercredi aux associations concernées les mesures destinées à mettre fin à cette exclusion.

Pour garantir la sécurité des receveurs, cette "ouverture" se fera "par étapes", a indiqué la ministre. La première, au printemps 2016, marquera la fin de l'exclusion permanente du don. A partir de cette date, le "don de sang total" - la forme de don la plus courante où toutes les composantes du sang (cellules et plasma) sont prélevées - sera ouvert aux hommes qui n'auront pas eu de relations homosexuelles depuis douze mois, après un questionnaire et un entretien.

Deuxième possibilité, toujours à partir du printemps 2016: les hommes qui, au cours des quatre derniers mois, n'ont pas eu de relation homosexuelle ou ont eu un seul partenaire, pourront donner leur plasma (partie liquide du sang), grâce à la création d'une filière sécurisée où il sera mis en quarantaine pendant deux mois et demi environ pour s'assurer de son innocuité.

Cette filière sécurisée va, en outre, permettre aux autorités sanitaires de mener une étude sur le terrain sur ces nouveaux donneurs. Si cette étude démontre qu'il n'y a pas de risques, les règles du don du sang pour les homosexuels (ou les hommes ayant eu au moins un rapport avec un autre homme), se rapprocheront des règles générales appliquées aux autres donneurs. Cette deuxième étape interviendrait en 2017, précise le ministère.

En optant pour un délai de 12 mois, la France "s'aligne sur la plupart des pays" qui ont abandonné le système d'exclusion des homosexuels, a fait valoir Marisol Touraine, citant notamment le cas des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Australie.

La décision du gouvernement fait suite à l’adoption en première lecture par le parlement d’un amendement à la loi Santé disposant que "nul ne peut être exclu du don du sang en raison de son orientation sexuelle", et après que la Cour de justice de l’Union européenne a rappelé à la France le "principe de non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle" pour la sélection des donneurs.

Les associations mesurées

SOS homophobie salue "la fin de l’exclusion systématique et à vie des homosexuels et bisexuels masculins des dons de sang mais regrette très fortement le maintien des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle". 

"Cette évolution ne met pas fin à la stigmatisation des hommes gays et bisexuels et entretient ainsi l’homophobie et la biphobie", estime l'association.

SOS homophobie demandait un alignement des conditions du don de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sur le reste de la population, soit un ajournement de 4 mois pour tous uniquement en cas de prises de risques. 

Elle réitère son attachement à "la mise en place de critères d’exclusion fondés non pas sur la notion de 'population à risque » mais sur celle de « comportement à risque'".

A l’occasion de la concertation organisée ces derniers mois par le ministère de la Santé, SOS homophobie a également fait part de ses inquiétudes sur "le possible fichage des homosexuels et bisexuels dans le cadre des dons de sang". L’association demande aux pouvoirs publics que les conditions de collecte d’informations sur les donneurs soient clarifiées et qu’aucune donnée mentionnant leur orientation sexuelle ne soit conservée.

"Je me réjouis de la levée par @MarisolTouraine de la fin de l'exclusion du #DonDuSang des #gays, mais n'approuve pas les conditions", écrit Jean-Luc Roméro, président d'Elus locaux contre le sida (ECLS), sur Twitter. L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 après l'apparition du sida.

Plus réservée encore, l'association LGBT centriste GayLib estime que la gouvernement "met fin à une interdiction pour la remplacer par une discrimination". GayLib condamne "le manque de courage et l’hypocrisie de l’exécutif socialiste et n’exclut pas d’engager toute procédure utile afin de faire respecter les principes fondamentaux protégés par notre Constitution".

L'Inter-LGBT ou Aides sont plus prudentes, estiment qu'il ne faut pas aller trop vite. "Il faut avancer avec prudence (...) l'enjeu est du côté des receveurs", dit Coline Mey, de Aides, tandis que l'Inter LGTB s'est déclarée "satisfait du scénario" présenté par la ministre.

Du côté politique, le PS et le Parti Radical de Gauche (PRG) ont "salué" la "fin d'une discrimination". Tout comme le Défenseur des droits. Mais le PRG regrette "les restrictions" introduites et réclame que "les mêmes règles soient appliquées à tous les candidats au don, quels que soient leur sexe et leur orientation sexuelle".

(Sources AFP / SOS homophobie)

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