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Le chemsex: plaisirs décuplés, produits variés, dangers multipliés

Le "chemsex" associe consommation de drogues et rapports sexuels. Si ce phénomène reste marginal et circonscrit à une partie des hommes gay, il tend à augmenter et à se diffuser chez les hétérosexuels.

E-llico.com / Actus

Le chemsex: plaisirs décuplés, produits variés, dangers multipliés
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Mis en ligne le 24/02/2022

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Drogues Chemsex

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- Chemsex, c'est quoi ?

Basé sur la contraction de "chemicals" (produits chimiques), cela désigne le fait de consommer des produits psychotropes, notamment des drogues de synthèse, pour intensifier et prolonger les actes sexuels. Associer sexe et drogues, à deux ou en groupe, n'a rien de nouveau: le "chemsex" est apparu dans les années 2000, et la pratique a été favorisée ces dernières années par les applications de rencontre comme Grindr, pour des sexparties sur un temps long (un week-end, plusieurs jours d'affilée).

"Les personnes se retrouvent immédiatement après un échange sur une application, ils vont aller à la soirée et tout au long de la soirée, les gens vont continuer à recruter des personnes qui viennent pour participer à la sexparty", explique Maïtena Milhet, sociologue collaborant avec l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) sur le thème du chemsex.

Selon elle, si la sexualité avec drogues a toujours existé, le chemsex reste un phénomène majoritairement circonscrit à la communauté homosexuelle. Elle y voit même "un caractère identitaire, une expérience de lâcher prise, de pouvoir vivre sa sexualité".

- Quels produits ? 

Les "chemsexeurs" sont souvent des polyconsommateurs. Les produits "phares" sont les cathinones de synthèse (principe actif du khat, une plante euphorisante), comme les 3MMC, 4MEC, NRG2. "De manière générale, les produits les plus associés sont le GHB ou GBL avec de la cocaïne, de la MDMA, des poppers", explique Mme Milhet. "Et dans les produits consommés, qui ne sont pas des drogues mais sont dans le 'cocktail', il y a les médicaments de performance sexuelle comme le viagra et le cialis".

La méthamphétamine, principalement connue sous sa forme en cristaux, fumée à la pipe et surnommée "Tina", est aussi un produit important même s'il est largement moins présent en raison de son coût.

- Quels effets, quels risques ? 

Les effets recherchés sont l'euphorie, le plaisir décuplé, l'excitation sexuelle, l'endurance pour tenir dans le temps - des sexparties pouvant s'étirer sur plusieurs jours. Les produits comme le GHB-GBL ou la kétamine sont des relaxants, qui vont permettre des pratiques sexuelles plus complexe comme la pénétration anale ou le fist-fucking.

Plusieurs types de risques existent, avec tout d'abord ceux liés à la consommation de drogues. Un surdosage, comme avec le GHB-GBL: à fortes doses, il peut provoquer une dépression respiratoire et une perte de conscience, communément appelée "G-Hole" par les usagers, pouvant aller jusqu'à un coma profond et causer un décès. Il y a aussi les risques liés à l'injection par intraveineuse, appelée "slam".

Sur la santé mentale et physique, des pratiques fréquentes entraînent une "fatigue intense, avec des effets de déprime, d'anxiété, jusqu'à une décompensation psychiatrique dans les cas extrêmes, des personnes qui n'arrivent plus à aller au travail", souligne la sociologue. Il faut aussi ajouter les dommages liés aux pratiques sexuelles à risque, avec des infections ou surinfection à l'hépatite C ou la récurrence d'autres maladies sexuellement transmissibles.

Enfin, les cathinones provoquent des troubles érectiles et l'impossibilité d'éjaculer.

- Qui en consomme ? 

L'étude APACHES (Attentes et PArcours liés au CHEmSex) de l'OFDT, publiée en 2019 et dirigée par Mme Milhet, met en lumière une grande variété de profils, de 18 à 64 ans. La pratique est plus marquée chez les moins de 40 ans sur le plan quantitatif. Si les profils socio-professionnels sont divers chez les chemsexeurs, ils sont généralement "impliqués socialement dans la communauté gay, multipartenaires, adeptes de sensations fortes ou de pratiques dites 'hard'", détaille l'autrice.

Il n'existe pas à ce jour de mesure fiable du phénomène, en raison du manque d'enquêtes plus larges sur le sujet. "Les mesures des pratiques chemsex en France sont assez convergentes, de l'ordre de 13% - 14% des répondants (hommes homosexuels, NDLR) dans les 12 derniers mois et 5% à 7% au cours du dernier rapport sexuel", résume-t-elle. 

Rédaction avec AFP


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