La contestation du fichier Edvige gagne la droite -

La contestation du fichier Edvige gagne la droite

Le fichier de renseignements Edvige continue de faire des vagues dans les milieux associatifs, syndicaux et politiques, jusqu'au gouvernement où le ministre de la Défense, Hervé Morin et Rama Yade ont émis des réserves qui suscitent un début de crise.

E-llico.com / Actus

La contestation du fichier Edvige gagne la droite

Mis en ligne le 11/09/2008

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Le ministre de la Défense et président du Nouveau centre (NC, partenaire de l'UMP) Hervé Morin s'est interrogé publiquement samedi sur certains contenus du fichier de renseignement Edvige, qui suscite un tollé de l'opposition, du MoDem et des associations. "Est-il utile que (...) l'on y intègre des éléments type les coordonnées téléphoniques, les orientations, sans savoir exactement de quoi il s'agit, des informations d'ordre fiscal ou patrimonial?", a notamment demandé le ministre.

Le gouvernement et l'UMP défendent Edvige

Cette sortie a suscité des réactions au sein du gouvernement et de l'UMP.
Après avoir ironisé dimanche sur les interrogations de son collègue de la Défense, assurant qu'elle était disposée à le "rassurer", la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie s'est dite mardi, devant des journalistes, prête à proposer aux associations opposées au fichier Edvige le "droit à l'oubli" pour les mineurs, permettant d'en effacer ceux qui n'auraient finalement participé à aucun délit après un certain temps.
"J'entends des inquiétudes, je veux lever ces inquiétudes et toutes les ambiguïtés", a assuré la ministre qui a contacté "un certain nombre de personnalités, responsables d'associations pour", a-t-elle dit, "que nous nous rencontrions".
Notamment la Cnil (Commission de l'informatique et des libertés) "qui s'inquiète sur le fait que des mineurs (restent) dans le fichier Edvige après leur majorité si rien ne s'est passé".

De son côté, le Premier ministre François Fillon a sèchement rappelé à l'ordre lundi son ministre de la Défense. "Je pense qu'il n'est pas nécessaire de créer des suspicions là où elles n'existent pas et j'ai eu l'occasion de le lui dire", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas une caserne, un gouvernement, mais enfin là en l'occurrence, il ne faut pas se laisser aller à de jugements inspirés par une vision très légère des choses. Il y a des réalités dans notre pays qui sont des réalités fortes en matière de sécurité", a ajouté le Premier ministre.

Le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux est lui aussi monté au créneau pour déclarer hier qu'il n'y avait "pas de quoi s'inquiéter" concernant le nouveau fichier policier.

Gérard Gachet, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, a tenté pour sa part de dissiper l'inquiétude dans Le Monde. "Nous ne pourrons ficher la maladie ou l'homosexualité de quelqu'un que si elle est en rapport avec sa vie publique. Il sera interdit, par exemple, de mentionner la vie sexuelle d'un élu qui n'évoque jamais publiquement son homosexualité. Il sera en revanche possible de rédiger une fiche sur le responsable d'un mouvement qui défend les droits des homosexuels ou sur une association de malades qui participe à des intrusions violentes dans les préfectures", a expliqué le porte-parole.

A l'UMP, Frédéric Lefebvre, un des porte-parole du parti présidentiel, explique qu'Edvige ne serait que "l'adaptation d'un fichier créé en 1991 par les socialistes eux-mêmes", dont les conditions d'accès sont "renforcées, et ce, à la demande de la Cnil" (Commission nationale de l'informatique et des libertés) et tente de replacer le débat sur le terrain de la sécurité, un des thèmes fétiches du président Sarkozy.

Rama Yade, le Medef, les Réformateurs et le Parti radical doutent

A l'évidence, les critiques qui gagnent désormais la droite, rendent la majorité nerveuse sur ce dossier. Jusqu'à présent, les critiques contre le fichier Edvige venaient quasi-exclusivement des milieux associatifs, syndicaux, de la gauche et du MoDem, qui ont déposé de nombreux recours devant le Conseil d'Etat. Et ce ne sont pas les propos de la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade ce mardi qui vont arranger les choses. La question des données sur les orientations sexuelles des personnes fichées "m'interpelle plus que toute autre", a dit Rama Yade sur Europe 1.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, avait quant à elle demandé lundi au gouvernement "des explications". "Je souhaiterais que la ministre de l'Intérieur donne des explications. Je ne pense pas que Michèle Alliot-Marie puisse être liberticide, donc je crois qu'il faut que nous en sachions plus sur ce dossier", a demandé la patronne des patrons sur RTL.

A droite toujours, le club des parlementaires Réformateurs (aile libérale de l'UMP), présidé par Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé du commerce, a souhaité en fin de journée une "clarification des objectifs du fichier Edvige", soulignant que les Réformateurs "sont très attachés aux libertés individuelles", tandis que le Parti radical, parti associé à l'UMP, demandait "une mission d'information parlementaire".

Aubry et Valls s'en mêlent

A gauche, les critiques se poursuivent. Dimanche, dans Le Parisien, la socialiste Martine Aubry affirmait "deviner déjà les dérives" du fichier, s'interrogeant notamment sur les consultations possibles avant les embauches dans la fonction publique.
Le député PS Manuel Valls souhaite lui que la commission des Lois de l'Assemblée organise des auditions sur Edvige.
Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a estimé lundi sur Europe 1 que le fichier policier Edvige était "totalement inadmissible" et ne devait "pas exister dans un pays démocratique".

Une conférence de presse des adversaires à Edvige a dévoilé ce matin de nouvelles actions de protestation. Une journée nationale d'action est organisée le 16 octobre prochain, jour de la Sainte-Edwige. Parmi les actions annoncées dans toute la France, les citoyens sont invités à adresser au ministère de l'Intérieur "une parodie de fiche".

Mis en ligne le 09/09/2008

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