Les agressions à caractère homophobes se sont incontestablement multipliées ces dernières semaines aussi bien dans la capitale qu'en régions.

On apprenait hier encore qu'une agression homophobe avait eu lieu samedi à Laval, où des jeunes se réclamant du Mouvement catholique de France ont insulté le patron d'un bar gay de la ville avant de le frapper sauvagement au visage, et ont également frappé un client.

Le 22 mars, un groupe prétendant défendre l'honneur du pape avait agressé physiquement et insulté de façon violemment homophobe des militants de la lutte contre le sida qui menaient une action pacifique à Paris.

La semaine dernière, ce sont trois homosexuels qui ont été agressés dans le 3ème arrondissement par une quinzaine de jeunes, qui les ont roués de coup de poing et de pied.

Vendredi dernier, la police arrêtait deux malfaiteurs qui avaient pris l'habitude de s'en prendre à des homosexuels repérés dans le Marais pour les suivre et leur extorquer sous les coups et la menace leur argent, leur carte bancaire et leur code.

Le 20 avril dernier, six hommes étaient renvoyés devant les assises du Val-de-Marne par un juge d'instruction de Créteil, pour plusieurs agressions à caractère homophobe, dont celle de Bruno Wiel en 2006, retrouvé nu dans le parc des Lilas de Vitry, souffrant d'un traumatisme crânien et thoracique grave et qui garde de très graves séquelles de son agression.

La liste est longue, si on y ajoute encore le cas du couple homosexuel agressé au début du mois en Martinique ou des deux jeunes homosexuels roués de coups de poing et de pied à Sète en début d'année.

Des agressions commise en majorité par des jeunes

Fait notable : dans la très grande majorité des cas, ces agressions sont commises par des jeunes hommes, parfois mineurs.

Cette particularité donne raison à l'Inter-LGBT et aux associations qui interviennent en milieu scolaire et qui ne cessent de réclamer des pouvoirs publics, et plus particulièrement du ministère de l'éducation nationale, que des actions fortes soient menées en matière éducative pour faire reculer l'homophobie.

"Presque un an après la dernière marche des fiertés parisienne et de certaines marches en région qui avaient précisément pour thème la lutte contre les discriminations par l'éducation, le bilan est mitigé", observe Philippe Castel, le porte-parole de l'Inter-LGBT.

"Le ministre avait pris des engagements forts et si certes la circulaire prévoyant la rentrée 2009 pointait la nécessité de lutter contre l'homophobie, l'engagement de distribuer du matériel de prévention dans les lycées au cours du premier trimestre de l'année scolaire n'a pas été tenu, et ne l'est toujours pas au début du troisième", ajoute le responsable de la fédération.

Quel bilan du ministère de l'Education dans la lutte contre l'homophobie ?

C'est pourquoi l'Inter-LGBT, en lien avec le Collectif Education contre les LGBTphobies en milieu scolaire a décidé d'envoyer un courrier commun au ministre de l'éducation pour faire avec lui le bilan des engagements pris et des actions véritablement entreprises, et exiger leur mise en oeuvre.

Compte-tenu de la recrudescence d'actes à caractère homophobes commis par des mineurs, il lui sera demandé que les mesures envisagées l'an dernier pour les lycées soient également mis en oeuvre dans les collèges.

L'Inter-LGBT attend du ministère de l'éducation des actions du même ordre que celles qui sont menées dans les cas d'agressions racistes ou antisémites.

La fédération d'associations LGBT estime "urgent" que les pouvoirs publics "condamnent avec la plus grande vigueur" l'ensemble des violences homophobes "chaque fois qu'il en est commis", et mettent en oeuvre une politique publique visant à les éradiquer, particulièrement par l'information, l'éducation et la prévention.

Mis en ligne le 27/04/2009