La marche, très limitée, partira d'un parc du centre de Belgrade pour passer devant le siège du gouvernement proche, avant de rejoindre son point de départ, soit le même itinéraire qu'en octobre 2010.

Ce défilé d'un millier de personnes LGBT, le premier du genre depuis 2001, avait mis la capitale serbe en véritable état de siège. Pas moins de 5.000 policiers avaient été mobilisés pour protéger les manifestants des fureurs des militants ultra-nationalistes, accompagnés de supporteurs de football, déterminés à en découdre.

Cent cinquante personnes, pour la plupart des policiers, avaient été blessées lors des violences qui ont opposé les protestataires aux forces de l'ordre.

L'appréhension des autorités serbes était palpable ces derniers jours, le ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic, déclarant que si cela n'avait dépendu que de lui, il aurait annulé la manifestation.

"Si la police était en position de décider, a-t-il dit, il n'y aurait pas de Gay pride, car je préférerais prendre la responsabilité d'annuler cette marche plutôt (que de risquer) un bain de sang".

Ajoutant au climat de nervosité, plusieurs rumeurs faisant état d'une possible annulation de la Gay pride ou de tentatives de diversion à la périphérie de Belgrade pour disperser les forces de l'ordre ont circulé ces jours derniers dans la capitale serbe.

L'organisation ultra-nationaliste Dveri a assuré même que des troubles sociaux éclateraient si le gouvernement permettait cette marche. "Belgrade brûlera comme Londres a brûlé récemment", a déclaré cette organisation, en faisant allusion aux émeutes du mois d'août en Grande Bretagne.

Une autre organisation ultra-nationaliste, Obraz (Honneur) a annoncé une marche dans Belgrade pour dimanche, à proximité de l'endroit où se tiendra le défilé homosexuel, un autre facteur potentiel de heurts.

Son dirigeant, Mladen Obradovic, condamné à deux ans de prison ferme en raison des violences de l'année dernière, mais toujours libre à la faveur de différentes procédures judiciaires en cours, a assuré toutefois que la manifestation serait pacifique et qu'elle s'ouvrirait par une "liturgie" suivie d'une "marche de prières dans les rues de Belgrade".

L'un des organisateurs de la Gay pride, Goran Miletic, a assuré vendredi matin qu'"aucun indice" ne laissait à penser que le défilé pourrait être annulé, se félicitant d'une "très bonne coopération" avec la police et la municipalité de Belgrade.

Si toutefois "l'Etat prend une telle mesure (interdire la Gay pride), cela signifiera qu'il renonce à sa souveraineté en plein centre de sa capitale, Belgrade", s'est insurgé M. Miletic.

"Si la Gay pride est annulée, le voeu des hooligans d'être plus forts que l'Etat sera exaucé", a-t-il poursuivi.

Selon l'universitaire Zoran Dragisic, spécialiste des questions de sécurité, la Gay pride de dimanche sera "très semblable" à celle de l'année dernière, "peut-être un peu moins intense".

"Il s'agira d'une excellente occasion pour les groupes extrémistes de s'exprimer", a-t-il ajouté.

Les milieux ultra-nationalistes voient déjà dans la tension actuelle au nord du Kosovo et la mobilisation des Serbes de la région opposés à Pristina des motifs pour dénoncer le gouvernement pro-européen du président Boris Tadic.

Mais celui ci sait aussi qu'annuler une Gay pride aurait le plus mauvais effet auprès des Européens, qui rappellent l'importance de la protection du droit des minorités.

Et Belgrade espère obtenir le 12 octobre un avis favorable de la Commission européenne sur un statut de candidat tant espéré à l'UE.

(Source AFP)