Mariage homosexuel
Réactions politiques à la Une de Libération sur un possible Oui de Sarkozy
Plusieurs responsables politiques importants ont réagi vendredi à l'éventualité d'une intégration du mariage homosexuel - ou plus vraisemblablement de l'union civile - dans un programme du futur candidat Nicolas Sarkozy évoquée en Une et au conditionnel par Libération.
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Réactions politiques à la Une de Libération sur un possible Oui de Sarkozy
Mariage homosexuel
Mis en ligne le 13/01/2012
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Le quotidien Libération a relancé les spéculations sur la position de Nicolas Sarkozy sur le mariage homosexuel et l'union civile (une mesure déjà promise en 2007 et non réalisée à ce jour) dans son édition du 13 janvier.
"Sa décision est prise", selon "plusieurs députés du premier cercle", croit savoir le journal pour qui le président pencherait pour l’union civile.
Libération souligne que le mariage gay permettrait à Nicolas Sarkozy d' "humaniser un peu son image" avec une mesure très peu coûteuse, mais qui "risquerait de braquer une partie de l'électorat traditionnel de la droite".
Il y a quelques semaines déjà, le site internet de L'Express, avait avancé que Nicolas Sarkozy serait à la recherche d'une "mesure progressiste" à même de séduire un électorat modéré qui s'est éloigné de lui et que l'union civile pour les couples gay pourrait en faire office.
L'opposition de Nicolas Sarkozy au mariage homosexuel à proprement parler a d'ailleurs été confirmée par Valérie Pécresse. La porte-parole du gouvernement a indiqué à l'AFP vendredi matin que le président n'a "pas changé d'avis sur le mariage homosexuel" auquel il reste "défavorable".
"Il est favorable à l'égalité des droits fiscaux, successoraux,
patrimoniaux, mais pas au mariage car, avec le mariage vient nécessairement la question de la filiation et de l'adoption", a-t-elle poursuivi.
Plusieurs leaders de gauche a réagi à la Une de Libé. Eux non plus ne croient pas à une "conversion" du président sur cette question.
Les réactions des politiques :
- Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande a dénoncé vendredi chez Nicolas Sarkozy "la technique du brouillage des pistes idéologiques à coups de ballons d'essai vite dégonflés" au sujet du mariage homosexuel, rappelant que François Hollande soutenait cette mesure. "Sur un sujet comme celui-là, cette technique est insupportable: on ne joue pas avec l'égalité des droits des citoyens. C'est ce qu'a fait Nicolas Sarkozy ces dernières années", a-t-elle déclaré à l'AFP.
- Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, un des premiers politiques à avoir fait état de son homosexualité, sur i-TELE : "je pense que c'est de l'électoralisme. M. Nicolas Sarkozy est un candidat qui se cache, il y a une forme d'hypocrisie dans sa manière de ne pas assumer le fait qu'il est candidat et en même temps il agite, il trouble au lieu de permettre que des débats importants soient posés avec la sérénité et même la grandeur qu'il faut".
- Jean-Luc Romero, ex-UMP, conseiller régional d'Ile-de-France, qui a également fait état de son homosexualité, dans un communiqué: "L'annonce de sa candidature approchant, le président sortant essaie à la fois de lancer un ballon d'essai et de faire un coup politique". "Mais ce coup ne pourra faire oublier les propos homophobes tenus ces derniers mois par des élus UMP sans aucune réaction de leurs instances". "Les homosexuels ne seront plus dupes car, avec cette majorité conservatrice et décalée par rapport à son électorat, un gay qui vote pour la droite, c'est comme une dinde qui vote pour Noël".
- Benoît Hamon, porte-parole du PS, sur LCI: "Je suis heureux qu'il nous soutienne, nous!" (car la mesure devrait figurer dans le programme de François Hollande). "C'est une conversion, une fois de plus".
- Christine Boutin, candidate à l'Elysée du Parti chrétien-démocrate, sur Europe 1: "Je ne suis pas favorable au mariage gay, ni à l'adoption et je tiendrai bon jusqu'au bout parce que les conséquences sont excessivement graves pour l'équilibre et la paix sociale dans ce pays". "Je donne la possibilité aux Français qui pensent que ce n'est pas acceptable de pouvoir s'exprimer. C'est sans doute pour ça qu'on m'empêche de me présenter".
Les réactions des associations :
- Gilles Bon-Maury d'Homosexualités et Socialisme dans Libération: "Une union civile, c'est comme un mariage «moins». Personne n'en veut. Si Sarkozy fait le mariage sans la filiation et l'adoption, c'est un sous-mariage. Cela n'aura pas d'intérêt pour les hétéros. Il y aura donc un sous-mariage pour les homos, et le mariage civil pour les autres. Cela revient à faire une hiérarchie entre les couples. La protection des familles restera reservée aux hétéros".
- Le Collectif Contre l'Homophobie dénonce "un amalgame et une confusion entretenue entre l’ ouverture du mariage aux couples de même sexe (revendication portée par l’écrasante majorité des associations LGBT), et l’union civile (trouvaille de Sarkozy rebaptisée mariage gay par Libération et qui n’intéresse personne". Le CCH parle de "vrai faux scoop [qui] s’est avérée être une escroquerie intellectuelle de la part de l’entourage de Nicolas Sarkozy".
- Le Centre LGBT Paris IDF, rappelle dan un communiqué que "comme la plupart des associations LGBT et en particulier l’Inter-LGBT, [il] demande que tous les statuts disponibles pour les couples (concubinage, PacS et mariage) soient ouverts à toutes et tous, indifféremment de leur orientation sexuelle". "C’est précisément à cette égalité des droits que les candidats de gauche se sont déjà engagés, alors, ne s’agit-il de la part de M. Sarkozy que d’une manœuvre électoraliste, aimablement relayée par Libération ?", s'interroge Christine Le Doaré, sa présidente.
- L'Association des familles homoparentales rappelle que Nicolas Sarkozy n'a pas honoré ses promesses d'union civile ni de statut du beau-parent. "Si la première de ces promesses ne verra jamais le jour, la seconde fut un enterrement de première classe avec révocation du Ministre chargé du projet : Madame Nadine Morano qui devra quitter ses fonctions de Secrétaire d’Etat à la Famille. Ainsi, Nicolas Sarkozy a trahi 300.000 enfants qui ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que ceux issus de couples mariés".
(Avec AFP)