Des recherches confirment la déportation d'homosexuels depuis la France  - Histoire

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Des recherches confirment la déportation d'homosexuels depuis la France

Le Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH) a rendu public le 7 novembre 2007 les résultats des derniers travaux conduits par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) sur la déportation pour motif d’homosexualité depuis la France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nous publions à nouveau l'aricle qu'E-llico avait alors consacré à ces travaux.

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Des recherches confirment la déportation d'homosexuels depuis la France
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Mis en ligne le 15/02/2012

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Vanneste UMP Déportation homosexuelle

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Le Mémorial de la Déportation Homosexuelle a eu connaissance des principaux éléments d'un rapport de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation qui traite notamment de la question des déportés français pour homosexualité. Il en a publié hier des données inédites et tout à fait passionnantes d'un point de vue historique.

C'est une équipe basée au Mémorial de Caen qui a travaillé sur la déportation depuis la France d'un certain nombre d'homosexuels dont elle a pu retracer le parcours. Ces recherches font suite à un précédent rapport de 2001, évoquant une première liste de 210 victimes de déportation pour homosexualité. "Nous avions accueilli ce rapport comme une base de départ, c’est pourquoi nous avions plaidé pour une nécessaire poursuite des recherches sur les archives", explique le Mémorial.

> Le cas de 63 victimes étudiés

Les conclusions rendues aujourd'hui évoquent le sort de 63 victimes dont la déportation pour motif d’homosexualité (depuis la France) est désormais prouvée grâce à des éléments probants (identité des personnes ; date et lieu d’arrestation ; motif de condamnation et date du jugement ; date de remise aux forces allemandes ; date et lieu de départ en convoi ; date et nom du camp d’internement ; date de décès ou de libération ; motif de libération : décès, fin de la peine, enrôlement de force dans l’armée allemande sur le front de l’est, ou libération des camps par les forces alliées).

Si les nouvelles recherches écartent volontairement certains cas pourtant recensés dans le rapport de 2001, c’est pour s’attacher à mettre à jour des parcours complets et donc irréfutables.

Aujourd’hui il est clairement établi que même si elle était marginale (1%) la déportation depuis la France pour motif d’homosexualité est une réalité historique incontestable.

Sur les 63 cas recensés par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD), on apprend que 22 ont été arrêtés en Alsace-Moselle (territoires annexés au Reich), 35 au sein du Reich même et 6 en zones occupées (notamment Paris). La plupart d'entre eux ont été internés dans des camps, les autres dans des prisons allemandes. L'enquête atteste qu'au moins 11 de ces homosexuels trouvèrent la mort en déportation dont 9 dans un camp de concentration ou un commando extérieur.

> Des informations rares et instructives

Les nouvelles recherches livrent d'autres informations sur des aspects peu connus de la déportation d'homosexuels depuis la France occupée et notamment Paris.
Parmi les 6 cas recensés, on trouve celui d'un artiste dramatique arrêté en 1944 à Paris car il entretenait une liaison avec un Allemand. Celui encore d'un danseur d’opéra fréquentant les bals homosexuels clandestins de Paris. Arrêté, emprisonné puis remis à la Brigade Mondaine de Paris qui le livre aux forces allemandes en vue de sa déportation.

On découvre aussi l’existence de cas de déportation pour homosexualité de Français travaillant dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne. Ainsi, sur 15 Français déportés au camp de Natzweiler au titre du Paragraphe 175, 8 moururent en déportation, 4 restèrent en vie, le destin des 3 derniers reste méconnu.

Le rapport mentionne aussi l’existence d’un Strasbourgeois déporté pour homosexualité ayant tenté de faire valoir ses droits à une pension. En 1964, il sollicite une pension de la Commission Départementale chargée d’indemniser les victimes. Ayant essuyé un refus, il forme un recours et saisit la Commission Nationale qui confirme le refus. Il décide alors de saisir le Tribunal Administratif de sa ville. Il meut le 9 février 1965 à l’âge de 68 ans. N’ayant ni descendant, ni héritier, la plainte disparaît avec lui.

> La fin d'une dénégation

Pour le Mémorial de la Déportation Homosexuelle, "les nouveaux résultats révélés viennent valider a posteriori les convictions défendues par le MDH depuis sa création en 1989.
Les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale ont été marquées du sceau du tabou, du silence, de l’occultation et même de la négation de la déportation pour motif d’homosexualité".

"Grâce à Pierre Seel (premier français à avoir témoigné de sa déportation pour motif d’homosexualité), grâce à l’engagement du journaliste militant Jean Le Bitoux, grâce à la persévérance du MDH, et plus récemment grâce aux travaux des historiens et des universitaires, nous arrivons progressivement à faire la lumière sur cette sombre page de l’Histoire de France", se félicite Hussein Bourgi, le président du Mémorial.

"Il reste des dizaines de cas mis à jour et dont l’itinéraire reste à reconstituer, poursuit-il. C'est pourquoi le MDH demande au Ministre de la Défense et au Secrétaire d'Etat à la Défense d’inclure la poursuite des recherches sur la déportation pour motif d’homosexualité depuis la France dans la convention triennale (2008-2011) qui sera signée prochainement avec la Fondation pour la Mémoire de la Déportation".

Dossier publié intiallement le 08/11/2007

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