Proviseur révoqué
Le secrétaire général de la FSU choqué par la sanction
Secrétaire général de la Fédération Syndicale Unitaire (la FSU, le plus important syndicat du monde enseignant), Gérard Aschieri réagit, pour Illico, à la décision de l’Education Nationale de révoquer un proviseur homosexuel qui tenait un blog.E-llico.com / Actus
le secrétaire général de la FSU choqué par la sanction
Proviseur révoqué
Mis en ligne le 02/02/2006
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Qu’est-ce qui vous choque le plus dans cette affaire ?
C’est tout d’abord la disproportion entre la sanction et la réalité de ce qu’on peut lui reprocher. Généralement, ce type de sanction [la révocation] sanctionne une insuffisance professionnelle notoire ou le fait qu’un délit ait été commis, ce n’est nullement le cas ici. Ce qui me choque aussi, c’est la façon dont l’administration a justifié sa décision en invoquant la pornographie. Un représentant de la FSU, membre de la commission paritaire qui a eu à traiter de ce cas, nous a bien dit qu’au vu des documents présentés, il ne s’agissait pas du tout de pornographie. Selon moi, cet argument a tout bonnement été invoqué pour justifier la gravité de la sanction et parce que le proviseur a fait état de son homosexualité. Cette décision fait très ordre moral.
Ces dernières années, on avait le sentiment d’une nette amélioration de la situation des enseignants homosexuels : plus de visibilité, moins de problèmes d’homophobie… Que révèle cette affaire ?
N’ayant pas eu accès au dossier, ce que je peux dire, c’est que nous sommes en présence d’un faisceau de présomptions qui nous donnent à penser que l’affichage, même discret, de son homosexualité par ce proviseur a été considéré comme une circonstance aggravante. A mon sens, cela montre que les avancées sociales, y compris celles, notables, dans le monde enseignant, n’ont pas été retenues et suivies ni par les gouvernants ni par la hiérarchie. Nous continuerons donc d’intervenir auprès du cabinet du ministre de l’Education Nationale et sur ce dossier et sur un plan plus général pour qu’il soit tenu compte des évolutions.
Le ministre a affirmé qu’il prendrait une décision mieux proportionnée concernant le proviseur. Selon vous, peut-on se remettre d’une telle affaire ?
Je pense que même s’il reçoit une sanction moins sévère et en tout cas moins infamante, il subira encore un certain nombre de conséquences. Après, cela dépendra de lui, bien entendu, mais cela dépendra aussi des autres.
Dans votre première réaction (23 janvier), vous pointez le flou juridique qui entoure la nature même du blog. Est-ce un espace privé ou public ? Une question qui se pose aujourd’hui aux très nombreux enseignants qui animent un blog et certains dans un esprit voisin de celui de l’ex-proviseur de Mende. Que comptez-vous faire sur cette question ?
Ce sujet mérite des discussions. En même temps, je ne vois pas sur quoi cela peut déboucher. Comment établir des limites valables dans tous les cas ? Je pense que si nous établissons des limites à un moment ou à un autre, elles aboutiront à des restrictions de liberté. La question est d’autant plus complexe qu’elle concerne à la fois les personnels enseignants mais aussi les élèves. Je l’ai bien vu dans mon établissement avec la diffusion, sur des blogs d’élèves, de photos d’enseignants prises en cours dans des situations qui les dévalorisent.
Propos recueillis par Jean-François Laforgerie
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