Boutin contre l'union civile de Sarkozy
Le 31 janvier, Christine Boutin, la députée UMP des Yvelines, a rencontré Gay Lib’ pour un échange, sur fond de campagne, sur les revendications LGBT du mouvement associé à l’UMP. Une rencontre courtoise marquée par une évidence : Christine Boutin est assurément celle qu’on croit.E-llico.com / Actus
Boutin contre l'union civile de Sarkozy
Mis en ligne le 06/02/2007
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Des applaudissements, un accueil chaleureux, un tutoiement bonhomme, une salle comble… Tout est réuni pour que la rencontre entre les adhérents de Gay Lib’ et Christine Boutin, le 31 janvier au siège de l’UMP, soit un moment d’échanges réussi. Stéphane Dassé, président de Gay Lib’, a d’ailleurs défini l’objet de la rencontre : "déterminer le socle commun sur lequel nous sommes d’accord". La députée UMP des Yvelines est "heureuse de cette rencontre" car il est bien "qu’au-delà des différences d’appréciation", les membres d’une même famille (l’UMP) se rencontrent et débattent.
Différences d'appréciation
Du côté des "différences d’appréciation", il y a évidemment de quoi faire. Interpellée de façon précise et pugnace par Emmanuelle Revolon,
vice-présidente en charge de la famille et de la parentalité à Gay Lib’, sur la question du statut du beau parent, du partage de l’autorité parentale par voie conventionnelle, de la PMA ou de l’adoption par les couples de même sexe, Christine Boutin rejette tout, poliment mais fermement. Qu’Emmanuelle Revolon évoque la "stratégie politique des petits pas" privilégiée par Gay Lib’ et Christine Boutin rétorque, tout sourire, qu’elle n’y est pas "favorable".
Gay Lib’ veut convaincre, séduire la conseillère politique de Nicolas Sarkozy. Il se casse le nez sur le système B. Car il faut rendre une certaine justice à la députée UMP, c’est une femme cohérente, en phase avec son système. Le sien, qu’elle explique d’ailleurs aux adhérents de Gay Lib’, est fondé sur le respect de la "dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort naturelle" et sur un refus de dissociation entre nature et culture. Selon elle, la revendication du PaCS, demande de la communauté homosexuelle, est l’exemple type de dissociation entre la nature et la culture. La conséquence, si on suit dans cette voie avec de nouveaux droits pour les personnes LGBT (du mariage à l’adoption, de la PMA à l’union civile, etc.), c’est une remise en cause des "fondamentaux" auxquels la députée se rattache. Histoire d’être bien comprise, Christine Boutin avance même qu’à terme : "Il y a le risque d’installer une société totalitaire. C’est un risque énorme qu’en tant que femme politique, je n’ai pas envie de prendre."
Opposée à l'union civile de Sarkozy
Non à l’adoption pour les gays donc. Non à l’homoparentalité. Christine Boutin est même favorable à ce qu’on revienne sur l’autorisation d’adoption pour les célibataires quels qu’ils soient. Candidate UMP aux législatives, Christine Boutin se sent-elle liée par le programme de son parti qui promet l’instauration de l’union civile pour les couples de même sexe (un mariage sans le nom et dont la question des enfants a été écartée) ? Lorsqu’on lui pose la question, l’élue, souriante, se renfrogne. "Ce n’est pas la peine de me mettre dans une situation difficile, rétorque la conseillère politique de Nicolas Sarkozy. Je ne suis évidemment pas favorable au contrat d’union civile." L’évidence s’impose, la tentative d’élaborer un "socle commun sur lequel [Gay Lib’ et Christine Boutin sont d’accord" prend des allures de dialogue de sourds.
Heureusement, elle trouve sur la place des femmes en politique ou le pouvoir d’achat des célibataires (sujets sur lesquels Gay Lib’ travaille aussi) des points d’accord inespérés. Interpellée sur les problèmes de la transidentité, Christine Boutin, sensible à la dignité des personnes et peu informée de la question, accuse le coup lorsque Sophie, "trans, lesbienne, juive et père de deux enfants", lui cite des exemples des humiliations subies par les transsexuelles. Sincèrement touchée, elle propose d’ailleurs une rencontre à la jeune femme afin de mieux comprendre la situation. Mais l’ouverture sera de courte durée.
A la fin de la rencontre, Christine Boutin rappelle son refus de séparer nature et culture. "Je veux que les choses soient claires. Si Nicolas est élu président de la République, ce que je souhaite, il fera ce qu’il a dit et présentera l’union civile. Je n’y suis pas favorable. Si je suis élue députée, je ne voterai pas ça." Et la députée de lancer un surprenant : "J’en appelle à la responsabilité de la presse gay présente dans la salle pour ne pas compliquer la vie de notre candidat." La réunion s’achève sous les applaudissements. Tout le monde a bien compris que Christine Boutin est certes favorable au droit au logement opposable et aux droits LGBT opposée.
Jean-François Laforgerie
>> "Vanneste m’engueule parce que je ne le soutiens pas assez"
Christine Boutin a aussi été interrogée par Emmanuel Blanc, un des responsables du mouvement associé à l’UMP sur l’affaire Vanneste. La députée des Yvelines pour qui le "concept d’homophobie a un sens" indique que "l’homophobie existe et qu’elle doit, naturellement, être sanctionnée." Lorsqu’on lui demande, si l’UMP doit présenter un député contre Christian Vanneste aux législatives, Christine Boutin renvoie aux propos de Nicolas Sarkozy dans "Le Figaro". Voterait-elle pour Christian Vanneste aux législatives ? Sourire gêné. "Vanneste
m’engueule parce que je ne le soutiens pas assez" répond la députée. Vanneste est-il un danger pour l’UMP ? "Non, ce n’est pas un danger car je pense que l’homme est toujours supérieur à ses actes" conclue la conseillère politique de Nicolas Sarkozy.
Lire notre dossier "UMP : Boutin en conseillère de Sarkozy"
Mis en ligne le 01/02/07