Les organisations LGBT furieuses de la reconnaissance de la liberté de conscience des maires par Hollande - Mariage pour tous

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Les organisations LGBT furieuses de la reconnaissance de la liberté de conscience des maires par Hollande

Les associations LGBT sont fortement mécontentes des propos de François Hollande, qui a reconnu "la liberté de conscience" aux maires, dont certains ont déjà annoncé leur refus de célébrer des mariages homosexuels si la loi le prévoyant est votée. L'Inter-LGBT a même suspendu ses relations avec le gouvernement. 

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Les organisations LGBT furieuses de la reconnaissance de la liberté de conscience des maires par Hollande
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Mis en ligne le 20/11/2012

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Le président François Hollande a reconnu mardi "la liberté de conscience" aux maires, dont certains refusent de célébrer des mariages entre personnes du même sexe si la loi le prévoyant est votée.

Devant le congrès des maires, il a rappelé que "les maires sont des représentants de l'Etat". "Ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer", mais "la loi s'applique pour tous dans le respect de la liberté de conscience", a-t-il dit, en précisant que "les possibilités de délégations (d'un maire à ses adjoints) existent et peuvent être élargies".

L'Inter-LGBT se dit "scandalisée". "Je ne comprends pas comment on pourrait justifier qu'une loi ne s'applique pas de la même manière partout sur le territoire de la République", explique Nicolas Gougain, le porte parole de l'Inter-LGBT.

"Alors que les homosexuels - depuis des semaines - font preuve d'une incroyable dignité devant les propos quotidiennement insultants des opposants au projet de loi sur le mariage pour tous et l'homoparentalité, le Président de la République - qui est censé porter ce projet d'égalité - légitimise les propos les plus homophobes en considérant que l’on peut accepter d’un maire qu’il ne marie pas – une fois la loi adoptée – un couple de même sexe sous prétexte d'une 'liberté de conscience '. Comment une 'liberté de conscience' basée de fait sur des convictions personnelles pourraient-elles l’emporter sur la loi, et sur le principe fondamental de notre République qu’est l’égalité appliquée à toutes et tous ?", développe-t-il. 

Il a demandé "que la majorité soit ferme et claire", et précisé que le 16 décembre l'Inter-LGBT appelait justement à manifester pour rappeler au gouvernement "son engagement" en faveur de "l'égalité des droits".

L'association a estimé que jusqu'ici la parole des responsables politiques qui se sont clairement prononcés en faveur de "l'égalité des droits entre tous les couples et toutes les familles" reste "extrêmement timorée".

L'Inter-LGBT suspend ses relations avec le gouvernement

L'Inter exige d’être reçue rapidement par le Président de la République afin d’obtenir de sa part des explications "sur ce qui est au mieux une maladresse, au pire une trahison". Dans l’attente, elle suspend toutes ses relations avec le gouvernement.

L'Inter-LGBT n'est pas la seule à réagir aux propos de François Hollande. La Fédération LGBT, qui regroupe tous les organisateurs des gay pride en province, souligne "l'ambiguïté de ces déclarations".

"Par ce concept de liberté de conscience et d'élargissement de délégation, dans le seul cas du futur mariage des couples de même sexe, François Hollande viole le principe même d'égalité des citoyens face à la loi", estime la fédération.

"François Hollande, président, osera-t-il déclarer à une tribune de congrès qu'il accorde aux maires une liberté de conscience élargie à ceux refusant de célébrer des mariages dont un membre du couple serait d'origine étrangère, une femme enceinte, divorcé, physiquement désavantagé, malade, handicapé, génétiquement différent, échangiste, transgenre, âgé, de couleur, syndicaliste, d'un autre parti politique que le sien, de couleur, juif, chrétien ?", s'interroge Stéphane Corbin, le porte-parole de la Fédération LGBT.

SOS Homophobie exprime son "incompréhension, sa déception et son désaccord total" avec cette annonce, "qui, deux jours à peine après des manifestations contre le projet de loi mariage pour tou-te-s qui se sont achevées par des violences révoltantes, ne peut apparaître que comme une concession faite aux opposant-e-s les plus bruyant-e-s et les plus violent-e-s".

L’APGL, l’Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbien, refuse que soit créé "un artifice juridique, par délégation à un adjoint de la célébration du mariage de personnes de même sexe".

Elle reproche à François Hollande d'"entretenir la plus grande confusion sur [sa] volonté de voir cette loi devenir une réalité Républicaine, portée dignement dans toutes les communes de France par ceux qui en auront la charge". 

Les opposants au mariage gay se frottent les mains

"Le mariage pour tous ne sera pas le mariage par tous!", s'est réjoui le député-maire UMP Patrick Ollier. "Ce premier pas en arrière prend en compte quelque chose de légitime", a ajouté le maire du VIIIe arrondissement de Paris François Lebel (UMP) qui avait créé la polémique en déclarant que le mariage homosexuel ouvrirait la porte à la polygamie, l'inceste et la pédophilie.

Pour Alain Escada de l'institut Civitas, proche des catholiques
intégristes, "ce premier recul de François Hollande prouve que la mobilisation en cours commence à porter ses fruits".

Christine Boutin a interprété cette annonce comme une victoire qui lui laisse espérer d'autres reculs. Son Parti chrétien-démocrate (PCD) estime que la possibilité pour des maires hostiles au
mariage homosexuel d'invoquer une "liberté de conscience" constitue un "tour de passe-passe", parce qu'un maire qui aura délégué à un autre élu restera "complice".

Le "collectif des maires pour l'enfance", qui dit rassembler "plus de 17.000 maires et adjoints opposés à l'ouverture du mariage et de l'adoption à des couples de même sexe", réclame que le projet de loi sur ce sujet soit "retiré", jugeant insuffisante la "concession" du président.

Du côté de l'UMP, Jean-François Copé a affirmé mardi soir que François Hollande, en reconnaissant la "liberté de conscience" aux maires, dont certains refusent de célébrer les mariages de personnes de même sexe, montrait qu'il était "très mal à l'aise".

Xavier Bertrand a déclaré que François Hollande devait "renoncer au mariage homosexuel". Sur i>TELE, l'ex-ministre a lancé: "je dis à François Hollande : rouvrez ce débat. Vous êtes en train de comprendre le trouble que suscite le mariage homosexuel dans l'opinion".

Laurent Wauquiez accuse le président d'avoir "acheté le silence des maires" en leur concédant l'objection de conscience sur le mariage homosexuel. "Soit, comme on nous le dit, ce projet ne présente absolument aucun problème et alors il n'y a aucune justification à une liberté de conscience", a-t-il expliqué. Soit, s'il pose des problèmes si graves que l'on considère - c'est rarissime - que les maires ont droit à une liberté de conscience, alors il n'y a pas de place pour un passage en force et il faut vite se remettre autour de la table pour trouver des solutions d'apaisement".

(Avec AFP)

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