<I>Je souhaite faire de Paris une ville juste qui promeut le respect, la liberté et l’égalité</I> - Anne Hidalgo à e-llico.com

Anne Hidalgo à e-llico.com

Je souhaite faire de Paris une ville juste qui promeut le respect, la liberté et l’égalité

A quelques heures du 1er tour des élections municipales, Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris favorite dans les sondages, répond aux questions d'E-llico.com sur les dossiers LGBT.

E-llico.com / Actus

Je souhaite faire de Paris une ville juste qui promeut le respect, la liberté et l’égalité
Anne Hidalgo à e-llico.com

Mis en ligne le 20/03/2014

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Vous espérez succéder à Bertrand Delanoë dont vous avez été l'adjointe. Il a été le premier maire ouvertement gay de la capitale et a mené une politique inédite jusqu'à lui de concertation et d'aide - via certaines subventions - avec les organisations LGBT de la capitale. Comptez-vous la poursuivre et même l'améliorer et si oui dans quels domaines? 

Vous avez raison de rappeler que Paris fait partie des villes à la pointe des actions en faveur des droits LGBT, de la lutte contre le Sida et des Infections Sexuellement Transmissibles. Cela a été souligné par les associations LGBT, les experts ainsi que par 2 études de chercheurs indépendants (dont une financée par l’Union Européenne). Des candidats sur des listes concurrentes ont d’ailleurs publiquement salué l’action de la Ville de Paris et notre bilan en faveur des LGBT... 

Il était essentiel de mettre en place cette politique qui n’existaient pas du tout avant mars 2001. Cela a souvent été un combat contre la droite parisienne et notamment contre les huit maires des arrondissements détenus par la droite qui ont votés contre les actions progressistes que nous avons mis en place. 

Si je suis Maire de Paris, il est évident que je souhaite poursuivre et amplifier ces actions avec mes équipes et continuer à faire de Paris une ville juste qui promeut le respect, la liberté et l’égalité. 

Les débats autour du mariage gay ont révélé une homophobie persistante dans le société. Ces derniers mois, plusieurs agressions physiques d'homosexuels ont eu lieu à Paris. Que peut faire une municipalité qui souhaiterait agir dans ce domaine? 

Premièrement, je voudrais redire que je condamne fermement ces agressions. Paris ne peut pas être une Ville qui accepte l’homophobie, la violence et l’intolérance. Paris doit promouvoir la liberté et combattre le conservatisme.

Je me suis résolument engagée pour le mariage et l'adoption pour tous, pour la reconnaissance de l’égalité des droits, face aux propos homophobes et violents qui ont pu êtres proférés.

Le rôle d'une municipalité est d’abord de lutter contre l’homophobie en soutenant des projets concrets (des campagnes, des débats, des expositions...) mais également des associations. Par exemple c’est pour moi une immense fierté que Paris accueille les Gay Games 2018! 

Mais la municipalité doit également dénoncer les agressions, favoriser l’accompagnement des victimes et mobiliser la Préfecture de Police pour punir les auteurs des ces actes lâches. C'est l'homophobie qui est un délit, pas l'homosexualité.

La gauche parisienne a toujours été très claire et a dès le début soutenu les revendications de respect et d'égalité des LGBT. Cela a été le cas en 1998 avec le PaCS et cela est plus que jamais le cas aujourd’hui. Nous restons mobilisés pour que soient combattus tous les actes et propos homophobes.

Le VIH reste un souci à Paris - qui demeure l'une des villes du monde les plus touchées - et d'une manière générale la santé des gays à travers la persistance de la propagation des Infections Sexuellement Transmissibles ou l'usage accru de drogues dans une partie de la communauté LGBT. Quelles actions concrètes la Ville peut-elle conduire?

30 à 40.000 Parisiens vivent avec le virus du sida et les personnes touchées font souvent face à la précarité et aux discriminations. Paris a montré une grande détermination dans son combat contre le sida : nous avons multiplié par cinq les moyens consacrés au dépistage, aux campagnes de prévention, aux actions d'éducation vers les jeunes et aux associations depuis 2001. Nous avons également soutenu la recherche médicale, le Sidaction, et dédié plus de 2 millions d'euros par an pour lutter contre le sida dans les pays du sud. Très peu de métropoles se mobilisent autant que nous.

Je souhaite continuer et développer cet engagement de Paris. Il faut soutenir les actions de dépistage rapide du VIH mais aussi mettre davantage de moyens dans les campagnes concernant les hépatites, qui sont les parents pauvres de la politique de prévention.

Je veux ouvrir dans le centre de Paris un lieu de prévention autour du SIDA et des IST et qui soit également un lieu d’écoute et d’orientation des jeunes Parisiens et de la métropole.

Par ailleurs, dans certaines grandes villes d'Europe, les cas de contamination sont parfois corrélé à l'usage de drogues ou à trop d'alcool: nous devons continuer et tout faire pour freiner puis stopper l'épidémie, en incitant à la prévention et au dépistage notamment. 

Paris jouit d'une forte attractivité auprès des gays du monde entier. Pourtant la visibilité de sa composante commerciale qui est essentielle dans ce domaine s'essouffle. Les loyers des commerces flambent dans le Marais et des établissements gays sont de plus en plus remplacés par des enseignes de marques. De même, la nuit parisienne est régulièrement critiquée pour ses carcans administratifs. Par ailleurs, contrairement à des villes comme Berlin ou Londres, le maire n'a jamais marqué de façon explicite son soutien à des événements communautaires LGBT, hormis les Gay Games. Comptez-vous être plus audacieuse dans ce domaine? 

Si Paris est une ville très attractive pour la communauté internationale LGBT, c’est bien parce qu’avec Bertrand Delanoë, nous avons toujours pleinement assumé notre soutien aux homosexuels. Nous l’avons fait, en étant présent chaque année la "Marche des Fiertés LGBT", en permettant l’ouverture de nouveaux locaux pour le Centre LGBT, en soutenant le Tournoi International de Paris avec la FSGL, la Journée mondiale IDAHO, le Printemps des Associations, ou encore le festival de films Chéries-Chéris… C’est bien grâce à la mobilisation des associations LGBT et au soutien très actif de la municipalité que nous avons gagné, haut la main, les Gay Games 2018 !

Concernant la visibilité des commerces LGBT parisiens, elle a été renforcée notamment grâce à l'Office du Tourisme de Paris et le plan gratuit "GoMap" que la Mairie de Paris a toujours soutenu. Par ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration le SNEG qui représente et défend les commerces LGBT. Quant aux loyers des commerces, bien qu’inférieurs à une ville comme Londres, ils restent en effet très élevés. Or, préserver la diversité commerciale à Paris est l’une de mes priorités: Je veux que chacun des 100.000 commerces parisiens, garant d’un savoir-faire et de la création d’emplois pérennes, puisse garder sa place et s’épanouir à Paris. 

Enfin, je me suis engagée à nommer un élu adjoint "chargé de la Nuit". Ce devra être un levier supplémentaire pour faciliter la vie nocturne, même si le respect des lois et la tutelle de l'Etat resteront la règle notamment via la Préfecture de Police. 

Par ailleurs, le soutien de la Mairie de Paris a permis à de nouveaux lieux parisiens de fête et de création d'éclore dans la capitle: le Show Case (8è), le Rosa Bonheur (19è), la Gaîté Lyrique (3è), le Wanderlust (13è), le Petit Bain (13è)... C’est une grande fierté, car tous ces lieux ont beaucoup de succès! 

Je souhaite que la nuit parisienne reste créative, vivante et diverse. Et pour cela, je veux également que les horaires du métro soient étendus en semaine et que le reste métro reste ouvert toute la nuit durant le week-end. Permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de faire la fête, cela passe aussi par un renforcement de l’offre de transports ! 

D'une façon générale, pensez-vous que le fait d'être une femme gay-friendly mais hétérosexuelle, va vous donner plus d'aisance sur les dossiers LGBT par rapport à un maire ouvertement homosexuel qui - peut-être - ne voulait pas prendre le risque d'être taxé de communautarisme? 

Si par "gay-friendly", vous voulez-dire que j’ai toujours défendu les libertés, l'égalité, que j’ai toujours été féministe et progressiste, alors oui, je le revendique, je n'ai jamais raté ces combats là! Celles et ceux qui accusaient Bertrand de communautarisme – ils ont été très peu nombreux – l’ont surtout fait par sectarisme. En dépit de ces attaques, Bertrand Delanoë a toujours conservé sa liberté de parole! Quant à moi, je suis tout aussi libre, comme quand je dis et répète être à 100% pour la PMA pour les lesbiennes, comme cela existe par exemple en Espagne, un pays qui m'est très cher.  

Comment jugez-vous le positionnement de votre principale concurrente dans l'élection à venir, Nathalie Kosciusko-Morizet, sur les questions LGBT, notamment au regard des signes contradictoires qu'elle envoie à l'électorat LGBT, en mêlant notamment des personnalités proches de la Manif pour tous et des militants pro-LGBT sur ces listes ou dans ses équipes?  

Je trouve déplorable l’ambivalence de Nathalie Kosciusko-Morizet sur ces questions essentielles pour le vivre-ensemble. Son parti, l'UMP s'est fortemen t opposé à la loi Taubira instaurant le droit au mariage et à l'adoption pour les couples de même sexe. Non seulement elle n'a même pas eu le courage d’aller en l’encontre de ce vote conservateur, mais en plus elle combat ouvertement l'homoparentalité. Enfin, comment Nathalie Kosciusko-Morizet peut-elle prétendre respecter et défendre les droits LGBT alors qu’il y a sur ses listes UMP-UDI-Modem des amis de Mme Boutin et des partisans de la "Manif pour Tous", dont Philippe Goujon le chef de l'UMP-Paris ? Je laisse chacun tirer les conclusions qui s’imposent sur la sincérité des engagements de la candidate UMP… 

Propos recueillis par Jacky Fougeray

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