Bayrou confirme son refus du mariage gay
Dans une longue interview au quotidien Libération sur son programme et sa stratégie, François Bayrou réaffirme son refus du mariage homosexuel.E-llico.com / Actus
Bayrou confirme son refus du mariage gay
Mis en ligne le 19/03/2007
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Dans une longue interview à Libération, François Bayrou répond à une question sur les droits LGBT. Une occasion pour le candidat UDF de confirmer ses positions à propos du mariage homosexuel et du droit à l'adoption.
"Je suis pour réserver le mot mariage à une union hétérosexuelle, mais je suis pour une union civile qui fasse notamment que les homosexuels aient les mêmes droits en matière de transmission de patrimoine. Et lorsqu'un enfant est élevé par un couple homosexuel, sans autre lien de parentalité, je suis pour que l'on reconnaisse un lien de parenté avec le deuxième parent", déclare le "troisième homme" de la campagne présidentielle si l'on en croit les sondages.
Une "union civile" floue
Pas d'évolution donc par rapport à ses déclarations de début de campagne quand la question de son éventuelle accession au second tour ne se posait pas.
François Bayrou reste donc hostile au mariage homosexuel. "Pour moi, le mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme", affirme-t-il sur son site internet. "Je suis un défenseur actif de la famille; je défends et j'aime les familles nombreuses. Quand on a six enfants, on sait de quoi on parle", poursuit-il.
Bayrou est en cela sur la même ligne que Nicolas Sarkozy : pas question de toucher au symbole du mariage hétérosexuel et de l'ouvrir aux couples de même sexe.
Comme Nicolas Sarkozy, il propose une "union civile" aux contours aussi flous que son concurrent de l'UMP. Comme il le rappelle dans Libération, l'objet principal de cette union civile serait de pouvoir transmettre son patrimoine à son conjoint en cas de décès. Pour le reste, on ne sait pas grand-chose des détails de cette union. Serait-elle réservée aux couples homosexuels ou ouverte aux couples hétéros? Serait-elle signée en mairie?... Dans ce domaine –comme pour la plupart des propositions programmatiques du candidat- les précisions manquent pour le moins, comme s'il n'avait jamais envisagé sérieusement de devoir les mettre en oeuvre.
"Coincé"
La "religion" du candidat Bayrou en matière de questions LGBT a d'ailleurs été longue et complexe à s'édifier. Marielle de Sarnez, sa directrice de campagne, confiait dans un portait réalisé par "Envoyé spécial" sur France 2 il y a quelques semaines, qu'elle avait personnellement beaucoup infléchi les positions de son favori. Lui-même expliquait dans le magazine "Famille chrétienne" : Pendant longtemps j'ai eu du mal à parler de ces sujets. J'étais "coincé" comme on dit. Le poids de mon catholicisme faisait de moi une espèce d'ennemi de classe aux yeux des homosexuels". Mais le candidat à la présidentielle 2007 estime avoir changé : "Avec le temps, j'ai changé, j'ai mûri. Je peux désormais comprendre, parler et prendre en compte les difficultés qui sont les leurs".
L'adoption simple
Jusqu'à un certain point, est-on tenté de dire, dans la mesure où le mariage homosexuel pourtant légalisé dans de nombreux pays européens –et au programme de Ségolène Royal et de tous les candidats de gauche- ne fait pas partie de ses projets. Pas plus que l'accès à l'adoption pleine et entière pour les couples homos avec enfants.
Sur ce point aussi François Bayrou reste dans l'orthodoxie droitière : pas question de permettre l'adoption plénière. Il s'y refuse comme Nicolas Sarkozy.
Nuance toutefois avec le candidat soutenu par l'UMP, Bayrou propose l'adoption simple. Une demi-mesure qui ne résout pas fondamentalement la question du partage véritablement équitable de l'autorité parentale, mais qui se contente de bricoler une amélioration relative des situations les plus délicates.
Quelle majorité ?
Dernière question, enfin : François Bayrou –tout comme Nicolas Sarkozy- ne semble jamais se soucier de la majorité parlementaire qu'il lui faudrait convaincre et réunir pour faire voter ses projets.
Un grand nombre des parlementaires UDF se sont prononcés contre le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels, notamment en s'engageant –aux côtés de leurs collègues UMP- dans l'Entente Parlementaire fondée pour s'opposer à ces revendications.
Lire notre dossier "Droite / gauche : la fracture parentale".
Mis en ligne le 15/03/07