Union civile, mariage, adoption, origine génétique de l'homosexualité : pendant la campagne électorale, l'Inter-LGBT a rendu publics ses graves désaccords avec le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy. L'Inter ne perd pas de temps et demande à ce dernier "d'ouvrir le dialogue, sur les sujets où des négociations sont possibles et souhaitables" à quelques heures de son entrée en fonction.

Durant la campagne, le projet de Nicolas Sarkozy, comprenant la création d'une Union civile réservée aux couples homosexuels qui viendrait remplacer le PaCS ouvert à tous, a suscité la plus grande inquiétude chez les associations LGBT, qui s'y sont pour la plupart déclarées opposées. Les déclarations du futur président sur l'origine innée voire génétique de l'homosexualité, qu'il expliquait par une "fragilité préalable", ont beaucoup choqué. Sur toutes ces questions, l'Inter-LGBT rappelle ses "graves désaccords" et réaffirme "son attachement à défendre une égalité pleine et entière, en particulier à l'occasion des élections législatives".

Réunies en Conseil le samedi 12 mai, les associations membres de l'Inter-LGBT ont demandé au nouveau président de la République d'ouvrir un dialogue, et d'engager des négociations sur des points cruciaux comme l'amélioration du PaCS, la création d'un statut du beau parent, la lutte contre les discriminations à l'école et au travail,le rôle de la France dans le monde et la situation des personnes trans.

Sur tous ces dossiers, l'Inter LGBT fait valoir de solides arguments.

> La création d'une Union civile "comporterait beaucoup d'inconvénients, explique l'Inter, comme l'enfermement des couples homosexuels dans un statut qui leur serait spécifique, avec des obligations contraignantes (divorce), et la disparition d'un PaCS aujourd'hui ouvert à tous les couples qui veulent trouver une alternative souple au mariage. La fédération d'associations gay et lesbiennes plaide plutôt pour une amélioration du PaCS avec possibilité de signer en mairie, égalité fiscale et successorale, droit au séjour amélioré. "Cela aboutirait à un résultat proche de celui voulu par Nicolas Sarkozy, sans ces graves inconvénients, et sans susciter l'hostilité des associations : c'est une piste de travail que l'Inter-LGBT propose au président de la République" explique Alain Piriou, son porte-parole.

> La création d'un statut du beau-parent : l'Inter-LGBT est prête à avancer sur la base des conclusions du rapport de la Défenseure des enfants, Dominique Versini, "qui propose des mesures concrètes et modernes visant à améliorer l'exercice quotidien de l'autorité parentale et son partage dans les familles recomposées".

> Le renforcement de la lutte contre les discriminations au travail et à l'école : l'Inter-LGBT demande que le prochain gouvernement, à la différence du précédent, prenne enfin au sérieux cette question, particulièrement le futur ministre de l'Éducation nationale.

> Situation des personnes trans : "Que le transsexualisme soit considéré par principe comme une maladie psychiatrique me choque" avait écrit Nicolas Sarkozy à l'Inter-LGBT. Il reconnaissait en outre ne pas avoir d'opinion sur les problèmes relatifs aux soins médicaux. Sur ce dossier aussi, l'Inter-LGBT attend que les pouvoirs publics passent enfin aux actes.

> Lutte contre les persécutions dont sont victimes les personnes LGBT dans le monde : Nicolas Sarkozy a promis de s'engager à "défendre les droits de l’Homme partout dans le monde". Là aussi, l'Inter-LGBT "souhaite une rupture avec les pratiques actuelles de la diplomatie française".

D'une manière générale, l'Inter-LGBT se déclare prête à travailler avec le nouveau pouvoir. Elle attend évidemment la réciprocité, mais marque un certain doute quant à l'attitude du nouveau président. L'Inter rappelle, en effet, que depuis qu'il a été désigné président de l'UMP, Nicolas Sarkozy n'a jamais ouvert le dialogue avec elle. "Fermement attachée à une égalité complète entre tous les couples, l'Inter-LGBT ne renonce pas à son projet d'aboutir à l'ouverture du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe. Elle ne désespère pas de convaincre un jour le camp présidentiel d'entendre raison, comme il l'a déjà fait en reconnaissant récemment le PaCS comme une avancée. Elle poursuivra en ce sens le dialogue avec toutes les forces démocratiques du pays" conclue l'Inter dans un communiqué très politique.

Mis en ligne le 15/05/07